The Dao Son For › The Dao Son For

Creedle fût un groupe bien atypique, apprécié à sa juste valeur par ceux qui se foutent éperdument des étiquettes. Sa redoutable capacité à sauter du coq à l'âne dans un même titre, variant les plaisirs entre attaques heavy et mélopées jazzistiques, recueillait toutes mes faveurs. Des cendres de cette formation est né The Dao Son For à l'été 2001. Il ne fallait pas s'attendre à quelque chose de similaire, sinon le split n'aurait eu aucune justification en soi... The Dao Son For reste malgré tout un groupe tout aussi énigmatique, et ses nouveaux titres, mi-figues mi-raisins, le prouvent. C'est indéniable, l'ex-Creedle Devon Goldberg ne veut pratiquer la musique que pour la possibilité qu'elle offre à transgresser les règles. Mais quelles règles ? Quelle part de créativité reste-t-il quand on la bride ? De nombreux instrumentaux ("The Sprawler", "The Crawler", "The Drawler", "La Valencia Hotel") - sans doute les plages les plus intéressantes de ce premier essai, avec parfois de timides plans rythmiques comme de vieilles empreintes d'un passé pourtant tout récent, viennent donner du crédit à un manifeste encore trop mal assuré. En comparaison, on dira juste que The Dao Son For paraît à l'écoute nettement moins courageux que les trois premiers Creedle. Les audaces dans l'écriture sont toujours perceptibles, mais si diffuses et si encadrées qu'elles auront bien du mal à surpendre l'amateur d'étrangeté qui, au mieux, prendra ce disque comme un sympathique album de retro rock un brin trop relou. J'ai aussi parfois le sentiment d'entendre entre les notes l'influence manifeste du Mr.Bungle de "California", sonorité fifties des guitare oblige, le choix de sons du clavier également. Tout cela sans pour autant atteindre leur potentiel, loin s'en faut... Bref, un retour en demi-teinte pour l'ex guitariste des Creedle qui risque avec The Dao Son For, plus encore qu'avec son précédent groupe, de rester à jamais dans la confidentialité. Ceci dit, je ne demande pas mieux que de me tromper...