The Stickmen › Insatiable

Si à la fin des années soixante-dix, un gars comme Robert Fripp s'exile à New York pour s'imprégner des vibrations locales, ça devrait nous mettre la puce à l'oreille. Qu'il revienne de la capitale disco avec The League of Gentlemen, de son propre aveu, un groupe de danse (!), ça ne devrait étonner plus personne. L'effervescence de la grande pomme est bien réelle en ces années-là ; elle est à l'origine de tout ce qui va bientôt se décliner - dans tous les sens du terme - au cours de la décennie à venir, electro pop, rap, new wave, noise, post punk... Le cas qui nous occupe, celui des Stickmen, est à mettre en parallèle avec l'expérience "No New York", un disque (d')anthologie produit par Brian Eno célébrant la scène No Wave (ce disque a par ailleurs déjà fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes). Bien qu'originaire de Philadelphie, les Stickmen peuvent se glisser sans problème dans la peau de leurs compatriotes de la cité lumière ; un quintette d'allumés maltraîtant clarinette, trompette, saxophone, orgue, guitare, bidouillage électronique, les rythmiques... et leur public ! Énergique, remuant, presque funky pour tout dire, la musique des Stickmen renvoie au premier album des B-52's ; même sonorité, même image post-fifties, même volonté de faire une musique complexe à l'apparence désinvolte sur des rythmes syncopés. Même goût pour l'étrange aussi, pour le hors norme, le hors cadre. Et là, faut aller piocher plutôt du côté de Ppz30 ou Mr.Bungle. A la différence près que les titres des Stickmen sont beaucoup plus expéditifs : la moyenne des morceaux dépasse rarement les deux minutes ! "Mystery Party", "Set Back", "Paralyzer", "Jampire", "Duraflame Dog" en sont les ambassadeurs les plus représentatifs. C'est pas tous les jours qu'on peut danser du disco, sous camisole de force, avec un mord aux dentx ! Le label d'avant garde progressif Cuneiform suprend tout le monde en 2001 en publiant ce disque qui s'écarte fondamentalement de leur esthétique, mais laissait déjà présager d'un retour en force (confirmé depuis) de l'influence des eighties.