The Chinese Stars › Turbo mattress

Disque dangereux que ce "Turbo Mattress", premier EP des Chineses Stars. J'en connais plus d'un qui ne se risquerait même pas à placer ce disque dans leur lecteur par peur de le bousiller. Ça vous mettrait en confiance, vous, un cd en forme de shuriken (aucun lien) ? Là où on attend la rondeur rassurante d'une galette de 12 centimètres, on se remasse un truc aux tranches coupantes et pour tout dire peu engageantes. La musique qui y est pourtant gravée ne diffère pas trop de la première impression qui nous est donnée du disque au sortir de son boîtier. Ce band issu pour une part de la cuisse des expérimentaux Arab on Radar donne à écouter en définitive une suite plus pondérée de leurs inénarrables aventures dans le merveilleux pays des guitares qui font rire. Une instrumentation sommaire au service d'une musique qui n'a d'iconoclaste que sa désinvolte attitude à nous bourrer le crâne avec des rythmiques presque trop tribales que pour être vraies. Craig Kureck incarne le métronome implacable d'une batterie qui semble être faite de peaux de bête fraîchement tanées pendant que la guitare de Paul Vieira (aucun lien) s'évertue à nous lobotomiser au gré de phrasés hypnotiques dont il a le secret ("Sick Machine", "Horse Yet"). Reste le chant nasillard et simili-plaintif d'Eric Paul, un Johnny Rotten pré pubère qui vient d'essuyer son premier échec amoureux. On supporte ou pas. Néanmoins, c'est là un des éléments les plus déterminants qui définissent la nature même de la musique instable des Chinese Stars. David Thomas, en solo, ou avec Pere Ubu, une fois de plus, n'est pas très loin... Au pire, si vous ne l'aimez vraiment pas, ce disque, vous pourrez toujours vous en servir pour le lancer violemment à la tête de ceux qui vous exaspèrent. De quoi vendre un bon paquet de ce "Turbo Mattress", n'est-ce pas ?