Arab On Radar › Yahway of the highway

Enregistré puis publié à quelques mois d'une catastrophe locale aux répercussions planétaires, le dernier disque des Arab on Radar avant le split final a, bien malgré lui, des vertus prophétiques, ne serait-ce que vis-à-vis de son énoncé... Déjà, on pourrait se gausser du nom du groupe, Arab on Radar, franchement, c'était de circonstance... Sauf que s'ils furent repérés et localisés, c'était tout de même un peu tard. Mais ce titre donc, "Yahweh or The Highway"... Quelle ironie ! Nous a-t-on vraiment laissé le choix ? On bouffe le premier comme jamais, si bien que de toute façon la voie semble être toute tracée, une voie sur laquelle on s'engage à vive allure. Mais point de voeux pieux à l'horizon. Sur une musique noisy et abstraite, pourvue d'atouts électriques et rythmiques efficients, Eric Paul entonne ses déclamations contestataires estudiantines de jeune boutonneux un peu niais, plus préoccupé par le degré de pénétration de son braquemart que celui de la loi Fillon dans le sien encore bien étroit. Les obsessions de tout âge, de tous poils, s'exhibent dans un étalage impudique de viande fraîche ou moins fraîche (..."My nuts are a pressure cooker" sur "My Mind is a Muffler" ... "He cloned a deviant to rape her" sur "Cocaine Mummy"... "Your Kids are note safe from us homosexuals" sur l'explicite "Semen on the Mount" ... "Darling, i don't know why the kid is always touching his tool in public" sur "Father, Son, and the Goalie Post"). Bref, c'est une interminable histoire de gonades, l'expression libre pensante de l'impérieux désir sexuel dans ce qu'il a de plus violent à l'âge de sa découverte. De fait, les Arab on Radar n'ont pas choisis leur camp, ou bien, si ; celui de la vie ! Avec ses excès, ses pulsions trop longtemps réprimées, un majeur tendu - et pas que le majeur d'ailleurs - qui prône un hédonisme de tous les instants, dans le chaos et l'anarchie, plutôt que dans l'obscurantisme castrateur qui nous est promis.