Piz Urlaun › Piz Urlaun

Il y a des groupes, qui, parfois, sans aucune raison particulière, sans même les avoir écouté comme il se doit, pourrissent dans un coin sans se plaindre, sans faire parler d'eux, sans même émettre un signal de détresse. Piz Urlaun fait parti de ces groupes, et c'est bien dommage tellement ce groupe est surpuissant. Imaginez un peu, du post hardcore grind bruitiste ! Dans votre tête, ça doit faire "brrshhhhhhhh" et "splash" (bruit du cerveau qui implose), mais vous êtes encore loin du degré de maladie mentale qui possède le groupe. L'inspiration mélodique des guitares est à son comble, dans un style Cult of Luna qui aurait bouffé un béhémoth, passant par la case dissonance Convergienne juste avant de se retrouver dans un maelström de blast beat, de grésillements, de samples insolents et de hurlements très Gerogerigege-ien hystérique et surviolents. En ce sens, la voix est particulièrement jouissive, entre les convulsions super criarde plus hardcore que n'importe quel hardcore et les growls post hardcore genre Isis version death metal. Joussif. Les structures alternent enflements ultra brutaux grindesque, rythmes lourds et poisseux doomistiquement findumondesque (néologisme dans tu nous tiens…) et séance de bruitisme particulièrement jouissive, fun et aliénante, genre Merzbow (celui de "1930") doublé par une voix d'enfant. Terrifiant. Le pire, c'est que tout ça tient parfaitement bien la route, dans une cohérence qui frise l'insolence: Piz Urlaun, c'est un peu le Goatsblood du post hardcore. Le son est crade à souhait, juste comme il faut pour ce genre de délire brutal jusqu'au boutiste; les parties bruitistes sont parfaitement maîtrisées et confinent parfois au Mr Bungle dans leurs façon de débouler sans prévenir, éjaculant avant un arpège en son clair mélancolique et un rythme de basse sur fond de trip groovy. Dingue ! Et pas le temps de s'ennuyer, car ce EP (ici, il s’agit d’une collaboration obscure avec un certain groupe ( ?) 5/5/2000 (sic), dont on ne connaît rien puisqu’il ne joue pas un seul titre en solo, et dont on se demande le pourquoi de sa présence... Enigmatique... bref) dure 20 min, pas une minute de plus ! Juste de quoi en prendre plein la gueule et faire une pause en mettant un Khanate dans son mange disque… Et dire que j'ai ce disque depuis 2 ans chez moi, je mérite une flagellation. Dingue je vous dis.