Mass › Mass

Sans doute paré à prendre la relève d'un Derek Bailey dans le giron de la guitare improvisée auprès des plus frileux, Gary Smith semble, peut-être en raison de son passé et de sa culture enracinée dans le rock, plus à même de séduire la génération actuelle puisqu'il n'hésite pas à insuffler dans sa musique l'adrénaline souvent volontairement absente du répertoire discographique du doyen anglais (ses récentes collaboration au sein de Arcana, Mirakle ou aux côtés des Ruins me feront bien entendu mentir). "Stereo" avait été une démonstration sans appel de cette volonté à moderniser, si pas un langage, en tout cas une approche qui, par trop d'austerité, finissait par rester confinée dans un ghetto élitiste dont peu se soucient au final. On peut voir en Mass la conséquence directe de l'expérience "Stereo" ; il quitte Chronoscope pour Paratactile (un signe ?) et embarque avec lui un nouveau trio où seul Lou Ciccotelli est maintenu. Gary Jeff est appelé à remplacer John Sturt, et emporte avec lui toute une série d'effets divers qui vont permettre à la musique de Mass d'acquérir encore plus de densité. Trio déconstructiviste, Masse se montre en perpetuelle recherche d'ambiances tendues, un parallélisme évident pouvant être émis avec les improvisations électriques du King Crimson de "Starless and Bible Black" ou, plus proche de nous, "THRaK aTTaK" et "The ProjeKcts" sans cependant l'utilisation intensive de matériel Midi, chose qui avait de quoi rebuter, il est vrai. C'est rude, âpre, et d'aucun se demanderont au final ce que cela a bien à voir avec le jazz. Ne me le demandez pas.