Gestalt › Gomorrha vs. Khan

Je parcours ma petite collection de disques et je m'arrête un instant sur ma portion "New Japan", et mes yeux de se reposer sur Gestalt. Mince ! ...je n'en ai pas encore parlé sur Guts of Darkness ? Il est plus que temps ! Ça fait un moment que je ne l'ai plus écouté en plus, alors allons-y, c'est reparti pour un tour. La "Synsonic Introduction" aux saveurs orientales n'a plus d'effet sur moi ; je connais ce disque. Je sais ce qui m'attend. Mais à ma grande surprise, je me laisse malgré tout emporter par la furie du second titre, le plaisir renouvellé de retrouver cette bande de gros bourrins. Si les guitares ne sont pas si proéminentes que ça, c'est le rythme tribal, mené par deux batteurs acharnés qui font de ce morceau une pièce immédiatement accrocheuse. Gestalt n'a, à ma connaissance, publié que ce disque, et c'est bien dommage, car sans être d'une originalité à toute épreuve, la musique qui s'en dégage possède toute la vigueur, toute la conviction et tout le charme nécessaire à ce que les esprits curieux viennent s'y retrouver à maintes reprises. Un aspect psychédélique entêtant, alimenté par des chants incantatoires et des ondulations mélodiques persistantes, font de cet essai une espèce de réponse au "Vision Creation Newsun" des Boredoms. Les furies furieuses, toutes grattes dehors, sont donc moins nombreuses qu'on aurait pu le croire (exception faite d'"Alien"). Il n'empêche qu'il se dégage de ce disque un petit goût frelaté enivrant pour lequel on ne sait vraiment pas s'il est bon de s'y abandonner. J'ai souvent pu lire qu'on comparait cette formation à Magma ou à King Crimson. Faudra vous y habituer ; dès que c'est un peu plus relevé en prog, c'est toujours les deux mêmes dont on parle, tout simplement parce qu'on n'a jamais été voir ailleurs. Non, il est plus honnête de songer à leurs compatriotes de Bondage Fruit et Happy Family. Gestalt restera malgré tout un groupe de seconde zone mais, une fois n'est pas coutume, pas dépourvu de réelles et durables qualités.