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Domenico Solazzo › Remembrances
- 2005 • Autoproduction/lap recordings LAP0507 • 1 CD
9 titres - 51:13 min
- 1/ Farewell
- 2/ The promise
- 3/ The queen song
- 4/ The love of hate
- 5/ L.I.F.E (stands for low interest for existence)
- 6/ The hatred of love
- 7/ The situation speaks for itself
- 8/ The battle within
- 9/ Welcome
extraits audio
informations
Enregistré au studio Goddess, Bruxelles, Belgique.
Domenico Solazzo publie simultanément deux disques : "Remembrances" et "Oblivion" illustrant "(...) chacun deux aspects diamétralement opposés mais que j'ai voulu complémentaires, un bon et un mauvais côté, le ying et le yang. "Rembrances est sensé représenter le disque le plus sensible des deux. (...) il fait la par belle au chant. On y retrouvera des touches jazz et progressives à quelques endroits clés du disque, mais "Remembrances" se veut avant toute chose pop, tant dans la forme que dans le fond". D. Solazzo
line up
Domenico Solazzo (Roland XP-10, guitare electro acoustique Alliance, guitare electrique Epiphone Les Paul Classic, batterie et peaux Remo, Arbiter drum system, cymbales Paiste, Sabian et Zildjian, basse, percussions el)
chronique
- minimaliste dérangée
Est-ce un mal? On reconnaît la patte Solazzo à la seconde même où le disque démarre sur la platine. Presque rien, un malaise, quelques notes dérangeantes. Un musicien, un chercheur, un bidouilleur forcené, un homme qui ne veut s'exprimer que dans la solitude, et pour la solitude. Atmosphères minimales tissées de petites arpèges, de guitare, de piano, hantées, véritablement, par une voix au timbre particulièrement fragile, et dont la nonchalance technique et mélodique n'est là que pour grimer la mélancolie profonde qui émane de ces instants de rien, la tristesse qui découle de ces quelques notes éparses, singulières, avec lesquelles le bonhomme arrive bel et bien à faire de la musique. Est-ce un mal? Solazzo refuse décidément de sortir de son laboratoire, tant pis pour ceux qui souhaiteraient voir l'artiste s'affranchir de son penchant pour l'expérience et l'incongrü, pour emprunter enfin des chemins moins abscons. Est-ce un mal si, pour qui connaît son oeuvre, l'inconnu mélodique dans lequel il semble sans cesse errer se révèle in-fine aussi clos et connoté qu'une chanson sur mesure? Solazzo a trouvé ses ingrédients et il n'en changera pas. Dès "Farewell", épure pour piano lointain, le décor est planté : silence, notes au compte goutte, samples infimes et dissonances... l'univers Solazzo, sec et labyrinthique, n'a besoin de presque rien pour apparaître et se refermer sitôt autour de nous, comme un curieux cocon que l'on n'est pas si sûr de trouver confortable... quand "The promise" craquèle et puis s'emballe, on ne doute plus vraiment qu'il y a en Solazzo autant de bienveillance, révélée tout au long de l'album par un travail des voix tout en douceur, que de perversité. La douceur... voilà bien l'élément dont Domenico use avec le plus de malice, de savoir faire et de personnalité. Presque rien de batterie, des rythmes balanciers, une présence des guitares légère comme de la brise, un goût pour le piano façon mélodie simple, et cette voix, une fois encore, qui en plus de mots noirs joue aussi de la basse, des choeurs d'enfant poupée, chantonne comme dans un coin, tel un malade mental. Une douceur permanente, et dont tout semble s'ourdir, mais à laquelle il est impossible de s'abandonner tant le travail du personnage dérange. Chaque petite mélodie miraculeuse ne fait que passer, chaque oasis de calme est tendu de secrets, d'une ritournelle inquiète, de cette voix qui gémit. Plus que jamais, malgré un penchant plus acoustique que "Carpigstroke", l'univers de notre homme côtoie dans son malaise celui d'un Aphex Twin, Maître enfant-psychopathe. Comparées aux versions du "Live at Fulmar east", "L.I.F.E" et "The hatred of love" montre bien que le belge cosmopolite n'est à l'aise dans son monde que lorsqu'il s'y trouve seul... libre de pouvoir placer ses lubies de claviers, ses saturations rudes, ses samples de pluie qui tombe ou de disque vieilli, ses gouttelettes de poison. Est-ce un mal? "Remembrances" montre bien que Solazzo préfère chercher, fouiller tester tenter, que trouver. De plus en plus conscient de ses propres outils, et gérant ses acquis, il offre néanmoins son album le plus beau et matûre, un curieux cheminement dans des couloirs tordus, des chambres trop étroites aux murs posées de biais où l'on croise comme une ombre le fantôme récurrent d'un petit garçon grave qui chantonne puis s'enfuit, où l'on entend au loin, venant d'on ne sait où, un drôle d'air de piano et de courtes arpèges... puis "Welcome" nous accueille, infime et inquiétante, par un air bien malade au vieux synthétiseur, et durant dix minutes, sans aucune agression, nous mène bien tranquillement au coeur de la folie. Alors, avec tout ça : tentative ou chef-d'oeuvre? Ni l'un ni l'autre. Solazzo est très fort et avec cet album franchi un pas certain vers la cohérence, et la beauté. De nappes qui nous accueillent au sortir du chaos aux ritournelles fragiles qu'il place à la guitare, de ses perles de piano aux voix d'ange 70's en clin d'oeil terminal, il nous amène un disque qui n'a pas peur de jouer à frôler les miracles. "Remembrances" l'autistique ne souffre que d'une seule chose : le mal de son auteur, celui qui le pousse à sans cesse déformer, repenser, inverser... un mal bien insidieux de par sa contagion : l'insatisfaction.
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- Progmonster › Envoyez un message privé àProgmonster
- albums désormais écoutables en ligne sur http://users.skynet.be/carpigstroke
- Aiwass › Envoyez un message privé àAiwass
- Remembrances est l’album viscéral, introspectif, personnel et vrai, l’album par lequel Domenico parvient à lever un coin du voile sur sa personnalité, ses défauts, ses prétentions, ses blessures, doutes et insatisfactions, ainsi que son soit-disant égocentrisme, qui est en fait un douloureux, un difficile regard sur lui-même. Remembrances est ce regard, ce miroir, cette photo. Que Domenico n’en ait pas honte et ose le regarder en face, le réécouter, et peut être même envisage de continuer sur cette lancée. Car le frère diabolique, le frère monstrueux, le frère obscur, c’est Remembrances, et peu importe ce que dira Papa Solazzo, la démarche conceptuelle et intello n’a pas de place ici : c’est le cœur et le cœur seul qui doit s’exprimer, dans un exutoire délicat et peaufiné. Le cœur qui doit être mis à nu, sans effets vulgaires ou provocations bruitistes. Sur Remembrances, il ne s’agit que de cela : une affaire de cœur, de douleurs. Et de souvenirs qu’on regarde comme des photos jaunies par le temps.
- Note donnée au disque :
- Aiwass › Envoyez un message privé àAiwass
- Remembrances est un album très prometteur car il donne envie d’en savoir plus, de voir à quoi ressemble vraiment Solazzo sans la camisole, sans la couverture rose. Peut être que Remembrances est le premier pas vers un album de douleur futur qui serait pleinement cathartique et sans ambiguïté, un peu ce que Faith de The Cure est à Pornography… On pourrait même, sans trop s’avancer, comparer la démarche autistique de Domenico à celle de Smog, bien que leurs univers à tous deux ne soient peut être pas fondamentalement similaires, le mode de fabrication et le conditionnement qu’ils s’imposent chacun me paraissent très proches. Mais contrairement à Smog, Domenico Solazzo nous a, avec ce concept de dualité, menti, ou s’est menti à lui-même, créant ainsi, involontairement ou non, une fascinante ironie du sort. « Remembrances se veut avant toute chose pop, tant dans la forme que dans le fond », nous dit l’intéressé. Sur la forme peut être, mais sur le fond, il n’en est rien, absolument rien. Et je me permettrai – tendrement - d’en rajouter une couche pour sa gouverne, qu’il n’aille pas jusqu’à se tromper (sur) lui-même : Oblivion ne fait pas le poids face à Remembrances. Non. Jamais. Pas de ça. Remembrances est seul sur son île.
- Note donnée au disque :
- Aiwass › Envoyez un message privé àAiwass
- une œuvre avec ses qualités indiscutables et ses gros défauts, qui selon l’humeur du jour semblera un disque de pop/folk intimiste complètement dépassé par ses ambitions, ou une façon diabolique de faire de la musique sombre et expérimentale sans en avoir l’air. Et surtout, sans avoir la prétention de l’avouer… derrière sa sérénité trop belle pour être vraie, ce disque cache de sérieuses meurtrissures, il semble vouloir montrer ses faiblesses et enfouir ses qualités, ne rien céder, en donnant pourtant tout, et surtout il ne cherche jamais à vouloir taper dans l’œil, alors qu’il est fortement chargé en émotions. Cet album est très personnel, jusqu’à l’autisme, et c’est en ce sens qu’il se place nettement au-dessus d’Oblivion, son faux jumeau bien trop intellectuel qui cherche à tirer la nappe vers lui avec tout son tapage bordélique mais dont le degré de noirceur est bien inférieur croyez-moi. Domenico Solazzo a ici et en une cinquantaine de minutes mis en évidence sa folie intérieure tout en la maquillant. Il a regardé ses cicatrices, a constaté les anomalies et les limites de ses capacités, les limites de son talent, et s’est livré à nous, mais pas entier non, surtout pas. De peur qu’on le blesse, il s’est recroquevillé dans un coin, sous une couverture rose, pour chanter, pour composer et se chercher, pour nous parler, se parler, et a lui-même créé sa cellule capitonnée à l’aide de quelques notes de piano, de bribes de cordes et de sa voix délicate, afin de nous préserver.
- Note donnée au disque :
- Aiwass › Envoyez un message privé àAiwass
- … Toutes ses mélodies lancées à nos oreilles ressemblent finalement à des leurres savamment posés, des masques qui cachent un visage difforme, un visage qui se montre rarement mais laisse des traces indélébiles dans notre cerveau une fois découvert, car il n’est pas aussi lisse qu’il veut bien nous le faire croire. C’est le visage d’un enfant. Le visage d’un enfant reclus dans son grenier. Un orphelin solitaire et passionné qui a mangé beaucoup de musique pour survivre, qui a essayé de comprendre ce monde cruel en décortiquant les univers parallèles offerts à ses tympans, ceux d’autres enfants malades enfermés dans leurs greniers qu’il a peut être considéré à raison comme ses pères spirituels : Peter Hammill, Robert Wyatt, Nick Drake, et aussi Alain Bashung, non ?… Dans Remembrances, tout est drapé, le mal est caché, et la petite fille du chemin, vue de dos, nous montre par instants son visage, enfin, on croit le voir, mais on l’aperçoit à peine… car la petite fille ne peut nous montrer son visage. Il est brûlé, il est meurtri, il a souffert… les blessures secrètes contenue dans ce disque a priori inoffensif sont légions mais c’est à l’auditeur de parvenir à les voir, de saisir le message au secours qui se cache derrière la fausse naïveté de l’œuvre…
- Note donnée au disque :