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Enregistré au studio Goddess, Bruxelles, Belgique.
Domenico Solazzo (Roland XP-10, guitare electro acoustique Alliance, guitare electrique Epiphone Les Paul Classic, batterie et peaux Remo, Arbiter drum system, cymbales Paiste, Sabian et Zildjian, basse, percussions el)
Domenico Solazzo publie simultanément deux disques : "Remembrances" et "Oblivion" illustrant "(...) chacun deux aspects diamétralement opposés mais que j'ai
voulu complémentaires, un bon et un mauvais côté, le ying et le yang. "Rembrances est sensé représenter le disque le plus sensible des deux. (...) il fait la
par belle au chant. On y retrouvera des touches jazz et progressives à quelques endroits clés du disque, mais "Remembrances" se veut avant toute chose pop,
tant dans la forme que dans le fond". D. Solazzo
Est-ce un mal? On reconnaît la patte Solazzo à la seconde même où le disque démarre sur la platine. Presque rien, un malaise, quelques notes dérangeantes. Un musicien, un chercheur, un bidouilleur forcené, un homme qui ne veut s'exprimer que dans la solitude, et pour la solitude. Atmosphères minimales tissées de petites arpèges, de guitare, de piano, hantées, véritablement, par une voix au timbre particulièrement fragile, et dont la nonchalance technique et mélodique n'est là que pour grimer la mélancolie profonde qui émane de ces instants de rien, la tristesse qui découle de ces quelques notes éparses, singulières, avec lesquelles le bonhomme arrive bel et bien à faire de la musique. Est-ce un mal? Solazzo refuse décidément de sortir de son laboratoire, tant pis pour ceux qui souhaiteraient voir l'artiste s'affranchir de son penchant pour l'expérience et l'incongrü, pour emprunter enfin des chemins moins abscons. Est-ce un mal si, pour qui connaît son oeuvre, l'inconnu mélodique dans lequel il semble sans cesse errer se révèle in-fine aussi clos et connoté qu'une chanson sur mesure? Solazzo a trouvé ses ingrédients et il n'en changera pas. Dès "Farewell", épure pour piano lointain, le décor est planté : silence, notes au compte goutte, samples infimes et dissonances... l'univers Solazzo, sec et labyrinthique, n'a besoin de presque rien pour apparaître et se refermer sitôt autour de nous, comme un curieux cocon que l'on n'est pas si sûr de trouver confortable... quand "The promise" craquèle et puis s'emballe, on ne doute plus vraiment qu'il y a en Solazzo autant de bienveillance, révélée tout au long de l'album par un travail des voix tout en douceur, que de perversité. La douceur... voilà bien l'élément dont Domenico use avec le plus de malice, de savoir faire et de personnalité. Presque rien de batterie, des rythmes balanciers, une présence des guitares légère comme de la brise, un goût pour le piano façon mélodie simple, et cette voix, une fois encore, qui en plus de mots noirs joue aussi de la basse, des choeurs d'enfant poupée, chantonne comme dans un coin, tel un malade mental. Une douceur permanente, et dont tout semble s'ourdir, mais à laquelle il est impossible de s'abandonner tant le travail du personnage dérange. Chaque petite mélodie miraculeuse ne fait que passer, chaque oasis de calme est tendu de secrets, d'une ritournelle inquiète, de cette voix qui gémit. Plus que jamais, malgré un penchant plus acoustique que "Carpigstroke", l'univers de notre homme côtoie dans son malaise celui d'un Aphex Twin, Maître enfant-psychopathe. Comparées aux versions du "Live at Fulmar east", "L.I.F.E" et "The hatred of love" montre bien que le belge cosmopolite n'est à l'aise dans son monde que lorsqu'il s'y trouve seul... libre de pouvoir placer ses lubies de claviers, ses saturations rudes, ses samples de pluie qui tombe ou de disque vieilli, ses gouttelettes de poison. Est-ce un mal? "Remembrances" montre bien que Solazzo préfère chercher, fouiller tester tenter, que trouver. De plus en plus conscient de ses propres outils, et gérant ses acquis, il offre néanmoins son album le plus beau et matûre, un curieux cheminement dans des couloirs tordus, des chambres trop étroites aux murs posées de biais où l'on croise comme une ombre le fantôme récurrent d'un petit garçon grave qui chantonne puis s'enfuit, où l'on entend au loin, venant d'on ne sait où, un drôle d'air de piano et de courtes arpèges... puis "Welcome" nous accueille, infime et inquiétante, par un air bien malade au vieux synthétiseur, et durant dix minutes, sans aucune agression, nous mène bien tranquillement au coeur de la folie. Alors, avec tout ça : tentative ou chef-d'oeuvre? Ni l'un ni l'autre. Solazzo est très fort et avec cet album franchi un pas certain vers la cohérence, et la beauté. De nappes qui nous accueillent au sortir du chaos aux ritournelles fragiles qu'il place à la guitare, de ses perles de piano aux voix d'ange 70's en clin d'oeil terminal, il nous amène un disque qui n'a pas peur de jouer à frôler les miracles. "Remembrances" l'autistique ne souffre que d'une seule chose : le mal de son auteur, celui qui le pousse à sans cesse déformer, repenser, inverser... un mal bien insidieux de par sa contagion : l'insatisfaction.
note Publiée le dimanche 3 avril 2005
Note moyenne 7 votes
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