Gentle Giant › Giant on the box

Énorme ce DVD ! Énorme tellement ils vous prend à la gueule et vous file le vertige à force de tant d'émotions. Et elles sont plus paradoxales les unes que les autres... Tout d'abord, signalons la nature exceptionnelle de ce DVD. Ceux qui savent de quoi je parle comprennent à quel point pouvoir visionner aujourd'hui des images de Gentle Giant en DVD relève presque du miraculeux. Ceux qu'une telle perspective n'émeut pas pourront toujours partager avec nous les crampes et autres crises de fou rire qui s'empareront forcément de quiconque posera un œil sur ces archives télévisuelles. Comment en effet résister à la gueule trop beauf pour être vraie de John Weathers ? Comment ne pas se rouler par terre en jetant un regard à l'accoutrement de ménestrel de Gary Green ? Comment ne pas succomber au sérieux de Kerry Minnear et Derek Shulman, derrière leur look '70 à faire frémir Rick Wakeman lui-même ? Voir en cette moquerie bon enfant un manque de respect est complètement hors sujet. L'apport d'un DVD est avant tout l'image, n'est-ce pas ? Et c'est bien de cela que je parle... Mais, qu'on se rassure, passé cet effet auquel on finit par très vite s'habituer, on ne rit plus très longtemps par la suite. L'habit ne fait pas le moine, et Gentle Giant le prouve ! Le grotesque de la situation disparaît face à l'excellence de l'interprétation qui, pour tout dire, laisse pantois. On savait les membres de Gentle Giant multi-instrumentistes. C'est une chose de le savoir. C'en est une autre de pouvoir le voir. D'un titre à l'autre, exception faite du batteur, tous les membres du groupe vont s'échanger les rôles ; le chanteur prenant le relais du bassiste pendant que celui-ci joue du violon, le guitariste troque sa gratte contre une flûte, et le chanteur devenu bassiste prend cette fois le saxophone alors que le claviériste qui s'était tapé un joli solo de vibraphone est à présent derrière un violoncelle... Et en apothéose, ils se retrouvent tous autour de John Weathers pour une interprétation explosive de "So Sincere" puisque toute en percussions ! Je ne puis rien dire sur la musique qui n'ait déjà été dit dans mes chroniques ; on aime ou on n'aime pas. Mais ce double DVD (le premier comprenant deux sets, le second des tas d'extras comme des documentaires, une galerie photo, etc.) représente vraiment un petit trésor pour les amateurs des plus grands esthètes de la scène prog. Alors, c'est vrai, avec l'impact visuel en plus, tout cela semble avoir mal vieilli, mais à l'écoute de la musique d'introduction qui sert à illustrer le menu, une toute nouvelle musique composée par Kerry Minnear dans un cachet plus Gentle Giant que nature, sorte de résumé de leur carrière où l'on retrouve tous les plans caractéristiques et inimitables de leur patte, on se met tout doucement à rêver d'une possible reformation tant la force qui s'en dégage est communicative. Serait-ce utopiste de le croire ?