Daimonji › Improg

Bon, y a quelques excités du bulbe, à commencer par Coldstar, qui désespèrent de ne jamais voir apparaître ici les chroniques de Gérard... Le plus curieux, c'est qu'il se demande encore pourquoi. Gérard... Non mais quel nom pour un groupe ! A quand Régis ou Raymonde ? A croire qu'ils se sont fait un point d'honneur à affubler leur musique du même potentiel ringard que celui déjà porté par leur patronyme. Soit. Ceci étant dit, passons à quelque chose de, disons, plus à l'avenant... Depuis que le commun des mortels s’intéresse à la musique rock de manière un tout petit peu plus pointue que la normale, il a toujours su retrouver cet émerveillement propre à l’enfance quand il s’agissait d’être confronté à ce que l’on a vite qualifié de super groupe ; à savoir la constitution d’un nouveau groupe dont chacun des membres provenait déjà d’un groupe que l’on trouvait en soi super... Et, vous l'aurez compris, Daimonji, se plie à merveille à ce descriptif. A ma connaissance, il n’y a qu’un super groupe qui ait réussi à être plus mauvais que les groupes dont provenaient ses musiciens, c’est Transatlantic ! (Voilà qui est fait) Mais voici donc Daimonji, un trio japonais dont le dénominateur commun est l’improvisation. On retrouve en son sein, excusez du peu, Monsieur Hoppy Kamiyama, Tatsuya Yoshida et le bassiste Nasuno Mitsuru (Ground Zero). Que du beau monde. Et l’assurance d’une claque dont la marque prendra du temps à partir... Ici, et contrairement à Transatlantic, rien n’est téléphoné. Rien n’est sirupeux ou dégoulinant de mauvais goût. Rien n’est millimétré non plus. Je le disais ; c’est la porte ouverte à un grand vent de liberté. Halte au superfétatoire ! Quatre longues plages, tradition progressive oblige ; elles portent toutes de ces couleurs qui vont faire grimper au septième ciel les amateurs les plus éclairés d’entre nous qui voient en la musique progressive un véhicule propice à une expressivité débridée, et non pas une caricature burlesque honteusement mise en scène. Le jeu varié, toujours réservé et souvent inspiré de Kamiyama, va littéralement subjuguer tous les connaisseurs de la musique des années soixante-dix où tout le catalogue est revisité. Qu’il s’agisse des plans canterburiens à la Egg, aux touches jazz électrique digne d’un Weather Report, en faisant un détour prolongé par une touche zeuhl inévitable - exemplifiée par le chant de Yoshida - façon "Köhntarkösz". Ce chant, j’y reviens, doublé de sa rythmique élastique, cimente véritablement l’univers de Daimonji dans une empreinte que l’on dira tributaire du Magma période "Attahk". Il y a indéniablement des moments magiques sur ce disque. On retiendra en particulier les premier et quatrième titres ("Glimpse" et "Ombre Moned"), et ce même si par moment l’équilibre entre les musiciens est parfois instable. Mais cela est propre à toute forme d’improvisation, et on soulignera d’ailleurs au passage - et plutôt deux fois qu’une – la qualité de celles-ci pour un groupe qui n’est monté que deux fois sur scène. L’osmose entre Kamiyama et Yoshida est parfois même carrément bluffante. Bref, dans le flot des éditions Musea distribuant ces derniers temps une quantité relativement impressionnante de titres issus du catalogue Poseïdon, voilà, une fois n’est pas coutume, un disque vraiment digne d’intérêt. Le livret intérieur prétend que Daimonji n’est plus aujourd’hui une expérience éphémère mais un véritable groupe appelé à un réel avenir. Puissent-ils dire vrai !