Deine Lakaien › Forest enter exit

De la créativité et de l'originalité dans la continuité, voilà comment on pourrait définir de manière grossière le parcours musical de Deine Lakaien. On sait toujours à quoi s'attendre, une alternance de morceaux sombres et dynamiques et de titres plus atmosphériques mêlant audace et feeling pop mais on ne cesse d'être surpris par la technique de composition, les sonorités créees... Certes, 'Contact' qui ouvre les hostilités avec son beat tranchant rappelle toute de même furieusement 'Dark star' sur l'opus précédent mais 'Forest' rassure vite avec son feeling ambient plus nocturne et inquiétant. Ses sonorités étranges et son rythme crée à partir de bandes passées à l'envers en font un titre qui séduit progressivement. La progression est également la ligne maîtresse de 'Mindmachine' qui s'articule autour de boucles qui tournent et d'un beat qui s'ajoute sans pourtant en faire un morceau dansant, plutôt l'image d'un cercle, enrichi ensuite d'un orgue pour la touche mystique. Comme sur 'Contact', Veljanov complète son chant d'une légère touche d'effet sans jamais en abuser. 'Resurrection machine' est le titre le plus rapide et le plus agressif du cd: beat technoïde, sonorités grinçantes, textes sur le suicide...Tout le contraire de 'Nightmare', à la fois très calme et inquiétant de par son ambiance de comptine nocturne hantée sans cesse interrompue par des montées de bruits angoissants pour revenir ensuite dans le giron rassurant de la voix de Veljanov. J'aime également beaucoup 'Follow me' et ses montées de farandoles qui s'atténuent pour un refrain mélancolique puis une reprise plus apaisée avant de recommencer le cycle. Le contraste avec 'Brain Fic' est net, ce dernier débutant par des sonorités éléctroniques plus froides et piquantes qui tranchent avec l'atmosphère nocturne sans vraiment la quitter. La linéarité et la platitude sont décidément les ennemis de Deine Lakaien qui aiment à entrelacer agressivité et calme, noirceur et mélancolie, casser les tempi...'Don't wake me up' en est encore un bel exemple. C'est pourtant sur une note plus classique que s'achève 'Foreste enter exit', 'The walk to the moon' étant une ballade au piano qui tirerait des larmes aux pierres (Dieu, que ce Veljanov a une voix magnifique!). Etrange forêt sonore que cet album, on hésite peut-être à y entrer mais surtout à en sortir.