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Philip Glass (1937) › Satyagraha

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Tacrolimus      lundi 8 avril 2019 - 12:06
kaplan      dimanche 8 mai 2011 - 17:51
Richter      mardi 14 septembre 2010 - 00:36
asdrubal      vendredi 13 avril 2007 - 20:11
Arno      mercredi 18 mai 2005 - 19:09
Trimalcion      mardi 22 mars 2005 - 22:39
Chris      jeudi 17 août 2023 - 10:41

cd 1 • 3 titres

  • ACT I-TOLSTOY
  • 1Scene 118:47
  • 2Scene 211:00
  • 3Scene 311:40

cd 2 • 3 titres

  • ACT II-TAGORE
  • 1Scene 114:44
  • 2Scene 211:32
  • 3Scene 315:16

cd 3 • 3 titres

  • ACT III-KING
  • 1Part 115:35
  • 2Part 216:13
  • 3Part 38:22

informations

Studios d'enregistrement RCA de New-York, Etats-Unis, 1985. Produit par Kurt Munkacsi et Michael Riesman.

Il s'agit d'une commande de la ville de Rotterdam. Première représentation le 5 septembre 1980. Cette première édition en CD a été ensuite reprise telle quelle par Sony.

line up

The New-York City Opera (choeurs et orchestre), Christopher Keene (direction). Distribution vocale : Douglas Perry (ténor, Gandhi), Claudia Cummings (soprano, Miss Schlesen), Rhonda Liss (alto, Kasturbai, Mrs Alexander), Robert McFarland (baryton, Mr Kallenbach, Prince Arjuna), Scott Reeve (basse, Parsi Rustomji, Lord Krishna), Sheryl Woods (soprano, Mrs Naidoo).

chronique

Un dialogue ancestral entre le dieu Krishna et le guerrier Arjuna, mis dans la bouche d'un illustre défenseur des droits civiques du XXème siècle, par un musicien contemporain américain féru de mystique et d'histoire... Continuons notre saga Philip Glass et entrons avec cet opéra dans sa deuxième période créatrice. Le compositeur, depuis l'énorme succès d'Einstein on the Beach, a en effet abandonné la radicalité de ses débuts, qui lui était nécessaire pour s'affirmer et se faire un nom. A présent, il est libre : libre de composer non plus pour le petit Philip Glass Ensemble mais pour un grand orchestre avec chanteurs solistes et choeurs ; libre aussi d'aborder un versant de son inspiration qui n'était pas vraiment apparu jusqu'alors : une sorte de ferveur religieuse néo-paganiste, qui va irriguer toute son oeuvre dans les années 1980. Certes, les influences indiennes de cette musique de transe, avec cette philosophie de la libération qui en découle, étaient déjà à l'oeuvre dans ses compositions antérieures. Mais ici, c'est véritablement de la musique sacrée que Philip Glass nous fait entendre, "sa" musique sacrée. Les structures répétitives sont toujours là, mais elles sont à présent insérées dans une oeuvre qui, du fait de sa forme beaucoup plus classique, de son instrumentation, de son parti-pris narratif, se rapproche très nettement de ce qu'on entend habituellement par le terme "opéra". C'est quand même un sacré choc : les voix ont pris toute la place, c'est par elles que l'opéra s'ouvre et se ferme ; le chant et les lignes mélodiques hypertonales qu'il développe sont d'une beauté pure et diaphane. Le caractère sacré des incantations se fait mieux ressentir encore par l'emploi d'une langue ancienne, le sanscrit, puisque les paroles sont des extraits de la Bhagavad-Gita, un des textes anciens les plus importants de l'hindouisme. Il s'agit chez Glass, comme souvent par la suite, de signifier que le sens littéral n'est d'aucune importance, afin de mieux mettre en relief l'esprit de l'oeuvre. Ces extraits sont mis dans la bouche de personnages modernes, et prétextes à narrer divers épisodes de la jeunesse de Gandhi, au moment où le futur artisan de l'indépendance de l'Inde se battait pour les droits des travailleurs indiens en Afrique du Sud (alors également colonie britannique). Je ne rentrerai pas dans les détails de chaque scène, car ce qui nous intéresse au premier chef, c'est l'aura spirituelle dégagée par le célèbre personnage, c'est elle qu'a voulu décrire le compositeur par sa musique, autant sinon plus que le caractère factuel de la lutte pour les droits civiques (le terme "satyagraha" désignant la méthode de combat de Gandhi, reprise plus tard par Martin Luther King, "force née de la vérité et de l'amour, ou non-violence"). Une orchestration "classique", donc, quoique Glass fasse sonner son orchestre dénué de cuivres et de percussions comme les synthétiseurs de son petit Ensemble de naguère, cherchant par là même à souligner les lignes de force de la mélodie et les répétitions d'arpèges, plutôt que de plonger l'auditeur dans une ramification instrumentale complexe (faire sonner un orchestre comme un synthé alors que tant de musiciens voudraient faire sonner leur synthé comme un orchestre, je vous jure...) ; il s'agit d'une suite de tableaux, avec des protagonistes qui chantent des airs dans un cadre donné - mais le contexte historique est au fond à l'arrière-plan : Gandhi, ici, ça n'est plus l'homme politique, c'est l'homme religieux. La scène 1 du premier acte, qui ouvre l'opéra (il n'y a pas d'ouverture instrumentale), est une prière ; aussi bien que les sublimes répétitions de la troisième partie de l'acte III, où le chant s'orne progressivement de volutes instrumentales de plus en plus épaisses. La ferveur est partout présente : une paix intérieure, un repos tout ce qu'il y a de plus zen, nous saisissent à l'écoute de cette musique - une extase mystique lumineuse et bienfaisante qui se prolonge et qui se clôt en apothéose sur un dernier acte plus nocturne, mais éclairé "de l'intérieur" par le chant. Même les parties plus rapides et plus motoriques (I,3 ; II,2) ne viennent pas rompre cette harmonie. Que dire aussi de l'aria avec choeurs de II,1, dont le dramatisme ahurissant est totalement inédit chez le compositeur américain ? Dommage que cette partition magistrale soit gâchée par un enregistrement de qualité médiocre et des ajouts de clavier par Michael Riesman franchement superflus (heureusement, les erreurs ne seront plus reproduites sur "Akhénaton"). Pour Philip Glass, Einstein, Satyagraha et Akhénaton forment une trilogie, un tout cohérent. J'ai préféré quant à moi souligner les différences de ce second volet par rapport au premier. Toutefois, ce qui unit indubitablement ces trois opéras, c'est qu'ils représentent l'apogée de l'inspiration musicale de l'Américain. A écouter les yeux fermés, en position du lotus pour méditer, ou vautré sur un pouf pour prendre son pied.

note       Publiée le mardi 22 mars 2005

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Arno Envoyez un message privé àArno
(Pour info, c'est aussi Achim Freyer qui a mis en scène le Satyagraha du DVD dont je parle...) J'ai pas très bien compris pourquoi le fait (selon le critique) de ralentir la musique atténuait la dramaturgie de la chose... Enfin, encore une fois, je ne tarderai pas à avoir la réponse en écoutant les CD's... Ces opéras de Glass ne sont plus souvent joués me semble-t-il ?...
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Trimalcion Envoyez un message privé àTrimalcion
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Oui, c'est bien le passage auquel tu fais allusion... Je n'ai pas vu cet opéra, ni sur une scène ni en DVD - quand tu dis que c'est plus long, c'est fort possible, étant donné que la musique de Glass est rétractable ou extensible par nature. Je connais en revanche la mise en scène originale d'Akhnaten par Achim Freyer, qui vaut aussi le détour.
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Arno Envoyez un message privé àArno
"Que dire aussi de l'aria avec choeurs de II,1, dont le dramatisme ahurissant est totalement inédit chez le compositeur américain"... Ah oui, c'est le passage ou le choeur nargue: "HA HA HA HA HA HA HA HA HA HA"... C'est ça ?... C'est vraiment hallucinant... Je ne sais pas si tu connais la version DVD, mais j'ai lu une critique qui disait que la musique perdait de sa dramatique parce qu'elle était jouée trop lentement... Je ne vais pas tarder à essayer de dégoter la version CDs... (J'ai peut-être bien fait de commencer par le DVD...)
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Arno Envoyez un message privé àArno
Il faut dire que dans le DVD que j'ai trouvé, chaque acte dure 55 minutes...
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Arno Envoyez un message privé àArno
Je viens de voir le premier acte dans une mise en scène hallucinante... Je ne sais pas si j'aurais su m'enfiler les 3 actes d'un coup...
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