New Trolls › Ut

Un summum de mauvais goût cette pochette. On savait déjà que les italiens étaient, de manière générale, relativement prompt à parer leur voiture (généralement allemandes parce que, tout de même, ils sont bien conscients qu'elle sont les seules à rouler convenablement) d'autocollants de toute taille, arborant bêtement, mais fièrement aussi, les couleurs de leur fichu drapeau national. Mais alors là, sur une pochette, quand même... Mon dieu, mon dieu... Le ridicule ne tue décidément pas. Et a plutôt tendance à s'afficher sans complaisance ! Heureusement pour les membres des New Trolls, passée cette épreuve redoutable, le disque en lui-même ne souffre pas du même travers. Rangé dans le tiroir progressif faute de mieux, faut dire que cette bande de joyeux drilles s'est donné un malin plaisir à brouiller les pistes de disques en disques, si bien que l'approche en elle-même, et à elle seule, justifie une telle catégorisation. Ce "Ut" est un des albums les plus complets du groupe, révélant ses multiples facettes. Néo-classisant en ouverture, son thème principal joué au piano et rejoint par la batterie nous ramène alors aux quelques furtifs instants de lucidité du trio Emerson, Lake and Palmer. Puis le romantisme à l'italienne s'illustre en plusieurs endroits clés du disque à travers des chansons que l'on dira plus conventionnelles mais qui s'enrichissent d'une diversification de thèmes, d'une progression d'accords qui, en bout de course, propose une musique s'écartant d'une norme toute puissante ("Nato Adesso"). "C'è Troppa Guerra" ou le fils de la revanche de Black Sabbath laisse entendre que les New Trolls n'ont pas peur de mélanger les couverts, ni de s'attaquer à un genre aussi particulier que le hard rock, avec la même pugnacité qu'un Deep Purple ou un Led Zeppelin. "Ut" n'est décidément pas le prototype même du disque progressif, loin s'en faut, mais en fidèle témoin de son temps, il parvient à mettre en perpective les courants musicaux les plus influents du début de ces vénérées années soixante-dix.