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La musique de Radio Chongching est sensée faire l'effet d'un Canada Dry. Les personnes de ma génération comprendront. La musique de Radio Chongching s'évertue à se faire passer pour une musique qu'elle n'est pas. Et, heureusement pour nous serais-je tenté de dire, ils n'y parviennent pas. C'est que, derrière ce titre, derrière cette pochette, et puis aussi, quand même, derrière cette musique aux vagues accents d'Extrême Orient, il n'y a rien, absolument rien d'asiatique, de près comme de loin. Il s'agit en réalité d'un trio américain, percussions, basse et trompette, distilant une musique contemplative, propice aux voyages. Certains disques parus sur CMP avaient la même approche (Dark par exemple) ou les différents projets des ex-Japan, Mick Karn avec ou sans Jansen et Barbieri. D'ailleurs, Rain Tree Crow est peut-être bien le meilleur point de référence qu'on peut lui trouver, le chant de Sylvian en moins. Lesli Dalaba est en charge des parties de trompette et, en grand adpete de l'économie, il emporte toutes mes faveurs. Plus proche d'un Jon Hassell que d'un Miles Davis, approche ambient/fusion oblige. L'ex-Mother Love Bone, Greg Gilmore, officie au poste de batteur. Disons plutôt de percussioniste. On est loin, bien loin des poussées d'acnée juvénile des ex-grunger. Enfin, pour compléter ce triangle, George Soler s'occupe des parties de basse, mais pas n'importe lesquelles puisqu'il joue ici du Chapman Stick. Là aussi, bien entendu, c'est à un acteur majeur auquel on pense, à savoir King Crimson. Presque. Il faudrait plutôt songer à la carrière solo de Trey Gunn qui allie précisément cette approche légèrement progressive à une volonté sincère de se frotter aux musiques étrangères. Le tout étant produit sur l'encore trop méconnu label First World de Bill Rieflin (ex-batteur de Ministry), on ne s'étonnera pas de cette légère couleur progressive, mais de ce progressif qui se met en perspective et qui se cherche, pas celui qui se complait à regarder son reflet dans le miroir.