Der Arbeiter › Reflejos del Sol

Voici un ovni en provenance directe du Chili ! Rien d'étonnant à ce que Der Arbeiter débarque pour son premier album sur le désormais bien établi Divine Comedy Records. Mélangeant pour l'essentiel des nappes et des mélodies qui n'auraient pas dépareillé dans les 80s et des beats electro-techno (''Eterno amor', 'Victoria') assortis de guitares folk très hispanisantes ('Nosotros' ou la rencontre atypique de la cold-wave et du flamenco), le couple chilien livre ici une oeuvre véritablement inclassable qui doit autant à son audace musicale qu'à ses ambiances mélancoliques. 'Una palabra tuya' fait penser à des groupes tels que In My Rosary en plus technoïdes (enfin on est pas chez Thunderdome non plus !) ; les surprenant 'Entre las ruinas','Patmos' et 'Vespero' nous plongent dans un univers ebm/electro-dark old school ('Patmos' pourrait être un titre abandonné de Front 242 !) tandis que 'Haunebu !', 'Reflejos del sol' et 'Llamamos a tus lobos' (tiré de la compil' 'Wir rufen deine wölfe') nous ramènent sur des territoires plus martiaux et néofolk. L'atout majeur de cet album est donc sa capacité à surprendre en mariant des thèmes musicaux qui a priori non rien en commun : et pourtant la sauce prend, la teneur éthérée de l'oeuvre (due notamment aux voix aériennes et posées) lui conférant un onirisme délicat et séduisant. Un album très très surprenant, sensible et sensuel, qui parle à l'âme sans oublier le corps. Quelques écoutes sont peut-être nécessaires avant de pouvoir saisir ce rêve furtif, mais le plaisir au bout du chemin est garanti.