Mactätus › Suicide

C'est clair dès le début : Mactätus à considérablement atténué son symphonisme au profit de la noirceur et de la violence black metallique : les guitares, les blasts, la voix bien plus profonde et hurlée, saturée, les riffs plus tranchants et malsains, une production signée Tägtgren (qui ça???) qui allie donc naturellement une vérité brute à une puissance noire dévastatrice. Particulièrement investi dans cet album, Hate va jusqu'à enregistrer et traiter lui-même ses vocaux qui sont une des grandes forces de l'album: variés, puissants, inspirés et haineux. Toujours soucieux de sophistications, les norvégiens ont construits des pièces à breaks et contre-pieds, à rythmiques syncopées et à ruptures d'effets, traversés d'assaults de violence et de haine que propulse véritablement les vocaux de Hate. Les claviers servent plus à accroitre le malaise d'un riff qu'à l'emmener dans l'espace, même s'ils retrouvent de temps en temps leur rôle grandiloquent de grande pretresse symphonique ou chorale, voire de soliste dépressivo-atmosphérique. Mactätus a voulu faire un album de black contemporain, ça crève les yeux et les oreilles, tout en sachant garder les reflets symphoniques, compliqués et porteurs qui faisaient leur musique. Et bien c'est réussi. Mais de la même manière qu'ils n'ont jamais surpris tant ils semblaient marcher sur des chemins connus, ils livrent avec "Suicide" un album implacable, mais qui ne changera pas l'image de "bons faiseurs" qui leur colle à la peau. Au détour de certaines brutalités et déferlements on songera largement aux derniers Immortal, les ruptures et les breaks, certains riffs, sentent bon le death metal, la recherche et le thrash, mais certainement pas l'excellence, malgré leur ambition. "Suicide" nous ballade dans un monde plutôt noir, de bruits et fureurs, plus fou et chaotique que ce à quoi nous avait habitué le groupe (la "complexité" de "bewitchment" étant bien plus proche du froid calcul que du lâchage). "To distance death from life", avec ses pesanteurs dooms et ses voix dérangées est sans doute la tentative la plus risquée et la plus réussie de l'album, et elle donne une idée de ce dont Mactätus est capable si il se résout à se plonger plus largement dans un genre non défini. "Suicide" est un album riche et puissant qui atteint parfaitement son but. Mais il manque de grandeur. Mention spéciale, néanmoins, pour l'utilisation remarquable, bien que rare, du violon.