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The Smiths › The Queen is Dead

  • 1986 • WEA 4509-91896-2 • 1 CD

cd • 10 titres

  • 1The queen is dead
  • 2Frankly, Mr Shankly
  • 3I know it's over
  • 4Never had no one ever
  • 5Cemetary gates
  • 6Bigmouth strikes again
  • 7The boy with the thorn in his side
  • 8Vicar in a tutu
  • 9There's a light that never goes out
  • 10Some girls are bigger than others

informations

Enregistré en Angleterre, hiver 1985

line up

Mike Joyce (batterie), Johnny Marr (guitare), Morrissey (chant), Andy Rourke (basse)

chronique

La reine est morte, longue vie aux Smiths ! Après 'The Smiths' et 'Meat is murder', la charismatique association Johnny Marr à la musique et Morrissey aux textes fait mouche à nouveau. The Smiths, c'est plus qu'un groupe, ce fut un mythe, la parfaite rencontre entre un rock new-wave sombre, une touche pop, une larme d'esprit punk et un dandysme urbain que l'on découvre sous la plume si particulière dudit Morrissey, fervent admirateur de Oscar Wilde, végétarien convaincu et songwriter de génie. Tout démarre en force avec le contestataire 'Queen is dead', rebaptisée 'her lowness', brûlot de noir rock à la rythmique roulante et aux spirales de guitare. Tout aussi ironique et empli d'humour grinçant mais plus pop dans ses harmonies suit 'Frankly, Mr Shankly', lettre au patron du label Rough Trade. Le groupe démontre ensuite son talent à signer de belles ballades mélancoliques avec 'I know it's over' et surtout le triste 'Never had one ever' dont je ne puis m'empêcher de vous livrer le texte, parfaite approche du regard désabusé et faussement tranquille du sieur Morrissey, regard dans lequel on se reconnaît vite par la simplicité et la précision tranchante des mots:'When you walk without ease on these, the very streets where you were raised. I had a really bad dream, it lasted 20 years, 7 months and 27 days. Never had one ever'. Du coup, le ton plus léger et pop de 'Cemetary gates' où Morrissey paie un hommage franc à son écrivain de référence Oscar Wilde libère de ce sentiment de tristesse avant que ne s'ensuive l'excellent 'Bigmouth strikes again', superbe pièce de rock wave qui débute en ces termes : 'Sweetness, I was only joking when said I'd like to smash every tooth in your head...'. Et le mouvement semble ne plus vouloir s'arrêter avec les brillants 'Boy with the thorn in his side', avec son climat doux/amer et 'Vicar in a tutu'. 'There's a light that never goes out' est une des chansons les plus tristes écrites par les Smiths selon moi alternant entre la beauté de l'amour absolu et un désire morbide de mourir ('And if a ten ton truck kills the both of us, to die by your side, the pleasure and the privilege is mine...') où les accords pop rock s'enrichissent de sections de cordes conférant à la chanson une touche particulièrement émouvante. Ce n'est pas le beau final 'Some girls are bigger than others' qui dissipera le parfum de mélancolie distillé par le timbre triste de Morrissey et les guitares cristallines de Johnny Marr; on comprend mieux du coup pourquoi Alain Delon gît mort sur la pochette...

note       Publiée le mercredi 9 février 2005

chronique

Lorsque l'équipe de Guts m'a sollicitée pour revenir faire un hommage à Twilight (désolé Shelleyan, pour moi tu seras toujours Twili) en double-chroniquant l'un de ses disques, je n'ai bien évidemment pas eu la moindre hésitation. C'est assez amusant, par ailleurs : Twilight est probablement le chroniqueur dont je suis le plus éloigné stylistiquement parlant, et c'est pourtant lui qui a eu le plus gros impact dans ma vie personnelle. Car je ne parle pas d'un simple disque que j'aime : je parle d'un de ceux qui vous change la vie. Un game changer. Au vu de la popularité des Smiths, ça peut sembler idiot. Mais idiot, je ne m'en cache pas : je n'avais jamais entendu la moindre note de ce groupe pourtant si célèbre. Bigmouth strikes again, pour moi c'était Placebo ! (rires). I know it's over, Jeff Buckley ! Mais l'ordre cosmique des choses, les arcanes secrètes de la destinée, l'absolue contingence de l'existence, ont placé ce disque sur le chemin de ma dépression d'alors. Je serais absolument incapable de vous dire comme il a atterri là, celui là, à ce moment là. Tout ça est désormais enfoui dans les recoins les plus sombres de mon refoulement – à ce point qu'il m'est littéralement impossible de l'écouter à nouveau sans ressentir l'ouverture d'une blessure profonde. C'est vous dire à quel point The Queen is Dead m'a marqué. Une bande son qui collait parfaitement à ce que je vivais alors : Never had no one ever ? She needs you more than she loves you ? Putain on est vraiment con quand on est seul. I know it's over je lançais ça dès le lever du soleil (l'après midi), histoire de bien s'assécher le cœur avant de commencer la journée qui commençait la nuit. La nuit personne te voit, c'était parfait. S'apitoyer, se regarder être triste et malheureux : The Queen is dead. La voix de Morrissey c'est du velours sur du connard, je m'en habillais pour dire bonjour. Le son 80's m'a réconcilié avec ce dégoût que j'éprouvais pour cette décennie, jusque là ; ce fut la porte ouverte aux Cure, entre autres (quand je vous disais « game changer »). La femme que j'aimais, à l'époque, avait réussi à me faire apprécier ces chansons joyeuses ironiques et sautillantes, Frankly, Vicar, car notre relation malsaine faites d'aller et retour l'avait percutée, elle aussi. Elle passait les Smiths dans le bar où elle travaillait – c'était comme salir un objet précieux, ce qui lui allait bien. Je l'ai fétichisé au point de l'avoir en plusieurs exemplaires – je les ai d'ailleurs revendu quand j'ai refais ma vie, des années plus tard. J'ai quand même gardé mon exemplaire premier, comme une photo de l'absence de photos sur lesquelles se morfondre (Dieu merci pas de smartphone à l'époque, j'aurais été capable de la mettre en fond d'écran). Il y a quelques choses du vaudou amoureux, dans cet album – les mélodies à tiroirs de Marr, dont on se souvient comme des ritournelles mais erronées, car plus complexe. Ces accords à la rythmique brinquebalante comme la famille, avec ce petit chorus étrange qui désaccorde gentiment le rapport des notes entre elles, comme la famille. The Queen is dead est fondamentalement un disque de salaud, qui parle au pire au fond de nous : le lâche, le pathétique, la victime, la canaille. Habillé d'une belle chemise blanche, et la coupe de cheveux qui va avec, faussement négligée, très travaillée. Un disque de menteur. Ce n'est pas pour rien qu'on l'utilise en bande originale de films fades aux promesses non tenues. Aussi insupportable qu'attachant. Alors merci Twili pour ta dévotion envers notre petite communauté de masochistes indécrottables : tu ne t'attendais sans doute pas à habiter mon histoire de cette façon, mais que veux-tu, c'est toujours en traître que les choses se dévoilent. Je t'aime et je te déteste.

note       Publiée le jeudi 18 avril 2024

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Note moyenne        57 votes

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Richard Envoyez un message privé àRichard

Le procès intenté par la section rythmique face aux deux têtes pensantes n'a dans la mémoire collective pas du arranger les choses alors qu'il suffit de se pencher sur n'importe quel bootleg pour apprécier son importance.

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allobroge Envoyez un message privé àallobroge

There’s a light... la plus belle chanson des Smiths, mortellement cold et incroyablement pleine de foi dans la vie à la fois, l’hymne ultime !

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allobroge Envoyez un message privé àallobroge

Dur et, au regard de la carrière post Smiths de Johnny Marr, plutôt très moyenne, on réévalue d’autant le génie de la section rythmique du groupe et l’apport de ce super bassiste qu’était Andy Rourke.

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zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

en général, le pronostic de survie sur un cancer du pancréas, ça pisse pas très loin .

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nicola Envoyez un message privé ànicola

Des trois membres du groupe D.A.R.K., il ne reste qu’Olé Koretsky : Andy Rourke et Dolores O'Riordan ne sont plus là.

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