Paul Roland › House of dark shadows

Je m'étais toujours demandé d'où nous sortait ce bon Paul Roland, dandy excentrique britannique que j'avais découvert par le plus pur hasard (et je le confesse, par la pochette présentant deux chevaux tirant un corbillard) avec son premier album 'Danse macabre'. Voilà que cette compilation, achetée elle-aussi par hasard, a répondu à toutes mes interrogations tout en m'introduisant plus à fond dans l'univers de notre homme. Sa carrière solo débute en 1982, mais auparavant il avait fait partie de trois groupes, Weird strings, Beau Brummel, et Midnight rags (le seul à avoir produit un album complet). Certains de ces titres, comme le gothique 'Werewolves of London' ou la reprise de 'Hot Georges' de T.Rex, se retrouvent ici ainsi que nombre d'inédits, soit les maxis sortis avant 'Danse Macabre' et deux titres enregistrés en live pour la radio ('Graveyard train', 'Public enemy'). On découvre également que Paul a des racines rock'n'roll (la reprise de 'Peggy Sue got married' de Budy Holly), ce qui se ressent dans 'Captain Blood' également. Pour le reste, classons 'Blades of Battendurg', 'Werewolves of London', 'Dr Strange' et 'Death or glory' dans la catégorie rock sombre, grinçant et gothique, de par leur orchestrations, leurs tempi pêchus, la place donnée à la guitare électrique et aux claviers. 'Burnt orchids' de par son violon triste se démarque un brin par sa mélancolie plus marquée. De la tristesse justement, on en trouve sur les ballades dark folk 'Lon Chaney','Madelaine' ou 'Flying ace', sur l'étrange et malsaine valse 'Puppet master', l'atmosphérique 'Ghost ships' et ses claviers ou encore sur la plaintive mélopée orientale 'Cairo', sans oublier l'émouvante nostalgie de 'Berlin' ici présentée dans sa version pour guitare sèche et clavier. Paul Roland a ce don des mélodies efficaces, d'une approche pop qui s'obscurcit peu à peu de par la présence marquée des violons et violoncelles, que ce soit dans les pièces électriques ou dépouillées. Les thèmes abordés montrent clairement sa fascination pour le côté obscur de l'Angleterre Victorienne, les films d'horreur en noir et blanc, les excentriques de tous bords. Les dernières chansons de 'House of dark shadows' quittent ces atmosphères mélancoliques et sombres pour présenter l'aspect plus rock'n'roll de notre étrange troubadour; ce sont également les plus faibles, Paul s'y est fait plaisir mais on n'y trouve pas le charme envoûtant et triste des autres compositions, peut-être car on l'y retrouve moins en tant qu'artiste, même s'il tenait à montrer que ces classiques font également partie de son univers. Quoiqu'il en soit, 'House of dark shadows' est un excellent album, plutôt indispensable étant donné que la plupart des morceaux sont devenus presque introuvables...