Forthcoming Fire › Je suis

La pochette de 'Je suis' me paraît symbolique à plus d'un niveau dans la carrière de Forthcoming Fire. Tout d'abord, le groupe semble au zénith de son potentiel et ce disque se présente comme l'aboutissement absolu mais il représente également le chant du cygne pour une formation dont les aspirations commencent à changer et qui conduiront progressivement leur leader Jay Kay, qui pour la première fois sur ce disque reprend (et ce n'est pas un hasard) son nom véritable, Josef K, à se tourner vers une imagerie plus paneuropéenne et opter pour des lignes plus symphoniques au sein de Von Thronstahl. Nous n'en sommes pas là encore. 'Je suis', c'est du Forthcoming Fire flamboyant. Plus mystique que jamais,l'album reprend les éléments typiques du groupe et les développe au paroxisme, les atmosphères sont soignées, les parties purement gothic rock explosent en guitares sombres et pêchues, les sons de claviers se font plus épiques ou malsains selon les pièces (l'introduction de 'Brave new Sunday' préfigure déjà Von Thronstahl) et l'on sent plus que jamais une volonté évidente de tisser des climats profonds (l'étrange mélopée mystico-électronique,'Je suis', avec ses voix féminines, qui a tout d'une B.O pour l'Ordre de la Rose-Croix, l'ouverture glauque de 'Sun child', 'Love grail' et son ambiance prophétique...). Est-ce dû au départ du bassiste ? L'aspect électronique de la rythmique est bien plus marqué. Niveau chant, Josef a toujours ce timbre unique, sombre et sensuel, mais il opte également de plus en plus pour des vocaux colérique ('Unbesiegte Sonnengott', Erde, Feuer, Wind und Wasser',...), use de plus en plus de la langue allemande et accentue les références ésotériques (Sol Invictus, Osiris, Dieu...). Niveau vocal justement, notons la présence de deux chanteuses qui prennent en charge pas mal des passages scandés en français, avec un accent qui, loin de sonner maladroit, ajoute au côté mystérieux et solennel des atmosphères du disque. Dans l'esprit, je comparerais 'Je suis' à 'Scriptures' de Christian death ou aux derniers travaux de Saviour Machine...Apocalyptique, mystique, mystérieux et ésotérique, il charme d'un bout à l'autre par la profondeur de ses climats et l'efficacité de ses mélodies et s'achève en apothéose sur le calme et lumineux 'Love grail' qui laisse encore présager d'un espoir de futur pour l'humanité...avant ou après la destruction ultime ?