Mystic Forest › Romances

Comme à son habitude, Stefan cherche les voies de la beauté et de la finesse dans un monde de saleté et de bruit, de désespoir hurlé. Pour ce nouvel album de Mystic Forest, il s'attaque à l'univers des années 1900, aux romances prostituées et à l'imagerie complexes des plaisirs charnels. Côté musique, Mystic Forest est toujours un groupe de black metal, travaillé, mélodique, présentant flûte, piano et accordéon en arrangements de compositions ouvragées et plutôt mid-tempo. Guitare étincelante pour des leads lumineux, harmonies romantico-mélancoliques, une impression volontaire d'approximation technique et sonore venant renforcer la dimension crue de cette musique; Stefan ponctue par ailleurs son recueil de mélancolies pianistiques sur rumeur de pluie signées par Debussy ou Chopin. Aux vocaux black s'ajoutent les "récitations" de Claire, malheureusement assez peu convaincantes, car trop monotones et sommaires. Avec tout ça, "Romances" me laisse tout de même sur ma faim. Ce n'est pas lié à leur qualité d'écriture, mais les textes tout d'abord, et l'univers qu'ils dépeignent, me laissent particulièrement froid. J'ai en effet beaucoup de mal à assimiler l'érotisme et le black metal, quel que soit le biais par lequel est abordé le sujet, y compris celui de la tristesse, et quelles que puissent être les tournures personnelles, mélodiques et sonores imprimées à la musique en question. Dommage pour moi, je passe donc à côté de tout l'univers du recueil. Mais les compositions et le travail effectué par Stefan, eux aussi, me laissent dubitatif. J'avoue ne pas être très sensible aux mélodies de ce disque, et les écoutes répétées n'ont pu m'enlever cette impression de confusion et de brouillon, contrairement aux autres albums du groupe. Dans sa programmation et son son, la boîte à rythme se révèle trop souvent un handicap... enfin, les nombreux passages originaux : piano/batterie, arpèges claires, accordéon, ne dégagent que trop peu de magie. Voici donc pour moi l'album le moins convaincant, le seul véritable ratage, de la déjà riche carrière de Stefan Kozak...