Robert Fripp › Radiophonics (1995 Soundscapes volume 1 - live in Argentina)

Parallèlement à la publication de "Thrak", premier album de King Crimson après onze longues années de silence, Robert Fripp lance une série d'albums dédiés à la cause ambient. Il baptise tout naturellement cette série du nom de "Soundscapes", référence au procédé ainsi utilisé. Pour ceux qui l'ignorent encore - et je suis sûr qu'il y en a - vous vous ferez une idée assez précise de ce en quoi consistent ces albums si vous jetez une oreille sur la première partie de l'instrumental "B'boom B'boom", la plage cinq de l'album "Thrak" dont je parlais plus tôt. Les quatre disques (oui, quatre et non trois car "November Suite", le dernier de la série, n'était disponible que via le site officiel de Discipline Global Mobile) sont, à l'image de "1999", des performances enregistrées en concert, aussi incroyable que cela puisse paraître. Le premier volume qui nous occupe, "Radiophonics", fût lui aussi, toujours comme "1999", capté à Buenos Aires. Les paysages visités sont moins diversifiés, mais nettement plus tourmentés. Si la première publication des Soundscapes s'évertuait à démontrer le vaste champ des possibles offert par cette nouvelle technologie dont il demeure à ce jour l'unique dépositaire, "Radiophonics" prend le parti pris d'aller jusqu'au bout des choses, à commencer par la patience même de l'auditeur ; et ce n'est pas moi qui le dit, c'est écrit noir sur blanc dans les notes de pochette ! Il n'y a pourtant pas de malaise ni de gêne à proprement parler. Les deux longues suites éponymes qui ouvrent ce recueil ont quelque chose de vertigineux ; elles descendent sur nous comme des colonnes de lumière dont l'éclat éblouit jusqu'à l'étourdissement notre perception du monde alentours. Ou la manifestation d'une force supérieure qui nous ballotte dans les airs selon son bon vouloir. "Atmosphere" ouvre une suite en quatre parties qui ira en déclinant, du tumulte au calme après la tempête. Difficile de recommander un disque plutôt qu'un autre dans ce cadre précis. Disons que "Radiophonics" est sans doute le plus abstrait des quatre.