Klub des loosers › La femme de fer

Après un premier EP à la méchanceté taquine mais parfois un peu trop mise en avant, Fuzati, devenu membre unique du Klub des Loosers, prend une orientation plus caricaturale quand il ne décide pas de raconter des histoires. En effet, l'irréprochable qualité des instrus signées en grande partie par James Delleck et le sens de l'image dans la joute du versaillais sont ici beaucoup plus percutants que sur "Baise les gens", sorti plus tôt dans l'année. Certes, le suicide ou la maltraitrance des enfants ressurgissent par moments mais Fuzati devient amoureux. Son amour pour sa compagne handicapée par la perte de ses jambes tourne à la dérision et à l'humour potache et pourtant, il se montre plus tendre, plus humain dans son approche de l'espèce. Sur "Une minute à l'écran" en compagnie de Cyanure (ATK, l'Atelier), le mystérieux rappeur imagine une scène de l'univers Star Wars où Greedo, petit homme vert chasseur de primes, tente de tuer Ian Solo dans un bar ; quel plaisir que d'entendre évoluer le Hip-Hop dans un esprit de science-fiction ! Car Fuzati se révèle encore plus intéressant et pertinant lorsqu'il fait appel à son imagination et à ses phrases métaphoriques. On pense alors à son travail d'écriture dans l'Atelier ou sur le morceau "No futur" de Gravité Zéro qui brillent par leurs singulières narrations. DJ Detect est quant à lui impeccable dans ses scratchs et parvient à rentrer dans le flow de l'homme au chapeau. "Baise toujours les gens" reprend le morceau fétiche du Klub en le déstructurant pour mieux le canaliser. Malgré un temps d'écoute relativement court, "La femme de fer" EP est à bien des niveaux supérieur à la précédente réalisation. Fuzati sait aussi mettre en scène des personnages symboliques dans des décors aux détails minutieux, preuve d'un talent certains que l'on espère retrouver dans le premier album à paraître en novembre 2004.