Astrofaes › Ancestors' shadows

Les albums d'Astrofaes se suivent et ne se ressemblent pas. Seules constantes chez les ukrainiens : l'intégrité black metal, la dimension nostalgique, en fait et surtout, le supplément d'âme réservé à quelques trop rares formations et qui drappe chaque livraison, chaque composition, d'une étoffe mélancolique, rageuse et sombre supérieure. Comme son nom l'indique "Ancestor's shadows" est l'album du folklore, de l'ancienne Ukraine et des mythes de la nuit. Rien d'étonnant à ce que Astrofaes empruntent à nouveau à leurs frères de Nokturnal Mortum; ici c'est Munruthel qui vient rouler pour Khorus et Thurios. Noir, brut et violent, occulte, "Ancestors' shadows", pourtant, s'inscrit plutôt dans la lignée des Goathorns et autres pièces folklo nostalgiques, ouvragées et crues. Et Astrofaes excelle, ici. La fierté, la beauté harmonique, la tristesse, mais aussi la violence, la noirceur et l'intégrité acoustique; le duo élève des thèmes sombres et tristes, lance des rages fières et blessées, fait souffler sur sa musique l'esprit d'un pays et de ses anciens à coup de guitares acoustiques grattées sans relâche au milieu du bruit, de la fureur et de la nuit. Le sombre gosier qui s'exprime, peiné, haineux et déclamatif à l'instar d'un Nocturno Culto plonge littéralement les forêts parcourues dans les ténèbres, tandis que les acoustiques et les saturées se superposent et s'enrichissent dans un chassé-croisé de noirceur crue et de lumière mélodique magistralement alchimique et sorcière. "Ancestors' shadows" est un très bel album de black metal, sans surenchère inutile, et qui préfère les ancêtres à l'an 2000 : les ancêtres ukrainiens dont il chante le douloureux souvenirs, comme les ancêtres norvégiens dont il assume le leg sonore et désespéré.