Ancêtres › Votre sang est ma victoire

Les gens qui l'aiment vous le diront : le black metal n'est pas une musique... c'est une sensation. Un souffle morbide, une aura noire, une dimension d'épouvante qui s'élève du bruit et de la fureur. Le black metal ce n'est pas un son, ce n'est pas une imagerie, ce n'est pas une musique; ainsi peut-on réunir tous les ingrédients sonores d'un album de Darkthrone ou Mayhem et une technique suffisante, sans s'approcher une seconde ne serait-ce que de l'ombre de cet univers. Pour sa deuxième démo, "Ancêtres" ne fait pas dans le chef-d'œuvre. Voici un désespérant exposé de poncifs et de platitudes, voici du black franchement moyen. Après une intro pompeuse et trop longue à base de classique grandiloquent et de bruits de batailles, le groupe déroule du riff et de la double-pédale, coincé dans un son étriqué qui se voudrait darkthronien. Dans un style déjà largement éprouvé, le trio français enfonce le clou à l'aide de gimmicks sans saveur, mélodies sans relief, dont les effets harmoniques sont si pauvres qu'ils ne diffusent strictement aucune sensation, et les quelques nappes de synthés n'y changent rien. Neurasthénie n'est pourtant pas inintéressant, sorte d'Abbath récitant en français avec un phrasé particulièrement clair, et il arrive que le magma maigrichon des guitares s'enfle un peu ; "les portes de l'oubli" sont de ce point de vue le meilleur titre du recueil, le seul par lequel passera à l'occasion un frisson musical. Mais fondamentalement, seule l'outro s'en sort réellement, par sa petite pointe d'originalité et de démence... mais elle avait partie facile.