Mourning Dawn › The freezing hand of reason

Les tréfonds, les abysses, la lenteur insistante du désespoir; praticien de l'effroyable, Laurent s'enfonce, encore un peu plus. Irrémédiablement fatigué, ralenti comme un mort, Mourning Dawn n'en a pas fini avec les hurlements, avec ce son atroce de cimetière et d'usine, avec ses notes tragiques qui dégoulinent du manche comme des larmes de sang... des ponts atmosphériques en arpèges noires et lourdes, des intros terrifiantes de silence violoncelle, un accordage terriblement approximatif, le doom/dark de Mourning Dawn est tout simplement épouvantable. De cette lenteur se dégage la plus douloureuse tristesse et de ses notes indistinctes, un malaise éprouvant, tout est extrême, difficile, violent, du son aux mélodies en passant par cette voix si caractéristique, hurlée depuis le plus profond du noir. Dans cette lourdeur nouvelle, les rares moments de blasts se déversent des enceintes comme la lave en fusion; pas de place pour le doute : Laurent travaille ici avec hargne et malice à faire mal, à agresser, il cherche à tuer. "Sky color of ashes" echaîne les riffs dangereux et les égarements vocaux les plus schizophrènes, "Cloak of ignorance" déroule ses 6 longues minutes au rythme d'une véritable agonie... jusqu'au petit piano qui ouvre "Remember", rien, ici, n'échappe à l'épouvante. Impossible hélas de prendre la pleine mesure d'une musique à l'accordage aussi hasardeux, aux guitares si malmenées, au son si difficile qu'il exige une mise en place rythmique et harmonique irréprochable, sous peine de brouhaha. Pour sa troisième démo Mourning dawn confirme donc tout le bien qu'on pense de lui, ouvre encore ses horizons, il surprend et interpelle plus que jamais. Il reste aussi malheureusement prisonnier de sa jeunesse... mais comme tout le monde le sait, toute jeunesse a une fin.