Nuuk › Play

Vous aimez la mélancolie des Cure, l'aspect lyrique flamboyant des premiers U2 et la profondeur atmosphérique de Anathema (période 'Alternative 4') ? Les Suisses de Nuuk peuvent vous offrir tout ça à la fois, et ces 14 morceaux enregistrés en concert sont un bon moyen de le découvrir. Tristesse et désespoir sont les éléments dominants d'une musique qui sait jouer sur les climats, se glisser entre retenue et explosion pour capter l'attention, se fondre dans l'intérieur de chacun. Vocaux sur le tranchant du rasoir, nappes de synthé glacées, guitares torturées, parfois hurlantes, chaque élément est à sa place et semble former une pièce d'un équilibre bien précis. Les Nuuk réussissent là où Robert Smith et ses acolytes ont échoué sur leurs derniers opus, à savoir construire sur des structures riches sans perdre de vue l'émotion à vif, sobre et pudique, cette tristesse qui ne souffre pas la complexité. 'Play' est au final un magnifique album baigné d'une insondable mélancolie, de celle qui vous plonge dans un état proche de la rêverie pour en supporter la douleur. Qui plus est, les pièces sont servies par la remarquable qualité de l'enregistrement qui leur confère la profondeur que peut leur offrir une scène. Cela dit, si votre conjoint(e) vient de vous plaquer, ce genre de disque ne risque pas d'améliorer votre moral.