R.E.D.A. › Gemini

C'est pas que je suis fatigué (n'empêche, plus de mille chroniques, ça use), mais pourquoi se compliquer la vie à essayer de trouver les mots justes lorsque le premier concerné a sous-pesé chacun de ses mots, et écrit, noir sur blanc, sur son site, tout ce qu'il fallait savoir pour mieux comprendre le pourquoi de sa démarche artistique ? R.E.D.A., jeune producteur belge, a pris son temps, le temps nécessaire, pour réaliser son premier album et ainsi collecter les nombreux samples qui donnent vie à ce fabuleux "Gemini", un disque qui n'a décidement rien à envier à ses frères américains de la scène underground. Parole à l'artiste : "Mon univers musical est un no man's land artistique qui a pour mission de stopper l'hémorragie R'n'B et de donner une alternative au sacro-saint buzz médiatique initié par les décideurs de l'industrie musicale afin de pervertir cette culture que nous chérissons tous : la culture hip hop". Ça a l'air fort prétentieux comme ça, à lire avec le recul, c'est vrai. Seulement, vous n'avez pas les sons de "Gemini" entre les oreilles quand vous parcourez de vos yeux exorbités ces quelques lignes. Et je peux vous assurer que ça fait une fameuse différence. C'est que le bougre sait y faire ! "Gemini" est un voyage hors du commun dans des contrées encore inexplorées par l'homme où règnent en maître angoisse et torpeur permanentes. N'y allons pas par quatre chemins ; les amateurs d'abstract hip hop (productions Def Jux, Anticon et consorts), mais aussi les passionnés du bidouillage électro (les labels Novamute, Warp, voire Mille Plateaux), vont se délecter de ces quatorze plages fertiles en rebondissements. Hyper travaillés, fouillés à l'extrême, on sent à travers chaque sons échantillonés le désir de bien faire et de se surpasser pour redonner au hip hop son goût du risque et de l'aventure, si bien qu'on notera l'absence de mc's pour ce premier essai qui a plus que des airs de réussite ; c'en est tout simplement une ! Un grand coup.