Deus › Worst case scenario

"Worst Case Scenario" est inscrit à jamais dans ma mémoire comme le souvenir d'une immense frustration. Peut-être que les personnes n'ayant pas vécu l'avènement de ce groupe comme je le fis à l'époque ont eux le recul nécessaire pour pouvoir objectivement faire la part des choses et donner un avis mesuré sur ce disque. Il n'empêche que pour moi, ne pas trouver leur fabuleux single "Zea" sur le disque m'avait donné le sentiment de m'être fait purement et simplement rouler. Rien en effet (ou peu de choses en tout cas) sur ce premier disque n'arrive à la hauteur de ce titre bien prometteur. Pis encore, après un "Suds & Sodas" inutilement criard en ouverture, dEUS balance sa plage titre, pompée de la première à la dernière ligne au magnifique "Little Umbrellas" de Frank Zappa. Je croyais rêver ! Ils ne peuvent pas me faire ça, pas à moi... Rien, pourtant, aucun crédit n'est attribué au parrain de toutes les musiques alternatives. Après Beefheart, Zappa... C'en est trop. Par chauvinisme, j'en ai entendu beaucoup me prétexter que c'est là une manière d'honorer la mémoire de leurs influences directes. D'accord, mais cela n'empêche pas le respect, et la moindre des choses eût été de le notifier. Bref. Je ne vais pas en faire une affaire d'état, mais le moins que l'on puisse dire c'est que dEUS débutait très mal son disque, du moins de mon point de vue. Et en fait, ils le terminent très mal également, avec des titres peu convaincants, limite remplissage ! C'est à ma connaissance un des rares disques où leurs titres les plus forts sont logés en plein milieu d'album. De "Via" à "Let's Get Lost", l'enchaînement de ces cinq titres est d'une fluidité absolue, évoquant souvent les Doors ; pendant cette vingtaine de minutes, dEUS parvient même à effacer mon sentiment d'amertume et me fait me remémorer à quel point le potentiel que l'on avait décelé chez eux n'était pas du chiqué. Pour toutes les raisons invoquées plus haut, "Worst Case Scenario" reste pour moi un pétard mouillé, voire une mauvaise farce - ça dépend des jours - soulignant, en bien des endroits, qu'il reste encore à dEUS beaucoup de choses à prouver.