Deus › Zea

Nous sommes en 1993. Studio Brussel et une radio francophone aujourd'hui défunte diffusent ad nauseam le titre d'un jeune groupe anversois qui va bousculer de nombreuses conventions dans le paysage musical alors moribond de ce plat pays qui est aussi le mien. Le titre de leur premier single est "Zea". Dans ces six petites minutes, il y a beaucoup de raisons de croire au potentiel de ce groupe ; il y a d'abord un sens mélodique indéniable. Il y a aussi, et c'est important, une vision globale et précise de comment agencer leur environnement sonore. Cela se traduit par une évidente recherche sur les textures et les atmosphères par le biais d'une instrumentation et d'arrangements parfaitement adaptés. Le violon de Klaas Janzoons est d'ailleurs pour beaucoup dans chacun de ses éléments, apportant à dEUS cette petite touche, peut-être pas ouvertement originale, mais en tout cas suffisamment fraîche, que pour intriguer les plus curieux. Republié de manière officielle et distribué par Bang!, "Zea" se voit scindé en deux, amputé de son intro désormais rebaptisé "Zea Intro Replica", histoire d'officialiser un sample non crédité à l'origine issu de "The Blimp" du mythique "Trout Mask Replica" de Cpt.Beefheart. "Right as Rain" et "Great American Nude", aux atmosphères moites et tendues à la Tom Waits, feront quant à eux leur apparition sur la version internationale de leur premier disque, "Worst Case Scenario" (qui paraîtra courant 1994), faisant au bout du compte de ce "Zea" un inédit qui résume pourtant tout ce qu'il y a de mieux à retenir dans dEUS.