Compilations - Divers › Ombres et Lumières

L'exercice du livre+cd est un défi : la difficulté majeure étant d'allier textes, images et sons pour aboutir à un ensemble cohérent. Cette nécessité se confirme lorsqu'il s'agit d'un hommage à un artiste, comme c'est le cas ici avec cet 'Ombres et lumières' qui paie un tribut aux peintures de Jean-Marc Dauvergne, dont l'univers de ruines et de paysages abandonnés sied à merveille au monde industriel. Attardons-nous sur l'aspect musical du projet, le livre fera l'objet d'une chronique ultérieurement. Première constatation réjouissante, la liste des invités : avec une table comme celle-ci, il y a de quoi avoir la langue qui traîne par terre. Un panel d'artistes actifs et talentueux pour illustrer des tableaux, voilà qui commence plutôt bien. Ah Cama-Sotz ouvre les hostilités avec comme à son habitude boucles démoniaques, voix trafiquée effrayante et nappes ambient-indus. Une bonne entrée en matière un peu perturbée par le morceau du hollandais A.C.O.H., pas très inspiré, une boucle triste de cordes répétitives et un texte déclamé en français qui rend le tout plutôt kitsche. Le génial Empusae (compatriote belge des Ah Cama-Sotz et autres This Morn' Omina) nous offre son étonnant mélange electro-indus symphonique, mélodique et empreinte de nostalgie. Le piano de Fin De Siècle et ses nappes ambient y font suite, posant une atmosphère plus étouffante, inquiétante, que quelques percussions discrètes s'ingénient à accentuer. La discrétion n'est plus de mise dès les premières notes du morceau de Gaë Bolg, épique à souhait : la cavalerie se lance sur le champs de bataille, se frayant un passage au travers des Feux flamboyants. Percus martiales, cuivres et pipeaux pour donner du coeur à l'ouvrage...Retour aux ambiances electro-indus ambient avec la collaboration HIV+ et Flint Glass, puis surréaliste et glauque avec Kulfi, dont les cuivres, basses et guitares rappellent quelques peu Hint, autre projet expérimental génial. Retour en terrain connu avec l'ambient de Land, classieuse recueillie et mystique. Une boucle et des sons métalliques et étranges pour Othila, nouveau venu dans l'écurie Divine Comedy, tel un intermède pour rompre le silence intérieur atteint par Land. Autre temps fort, l'extraordinaire 'Cité-jardin' par les russes de Reutoff confine à la beauté triste et poignante, dans une relecture incroyable de Raison D'Etre. Le retour à la réalité est dur, d'autant plus que Semper Eadem sort l'artillerie lourde avec son terrible hymne martialo-medieval, moins 'peplum auvergnat' qu'un Gaë Bolg mais sacrément efficace. Le confirmé This Morn' Omina propose sa vision d'une 'Ville abandonnée' avec son electro-ambient tribale, colportant les légendes de tribus qui habitèrent naguère la cité. Solennel et grave, Westwind et son ambient martiale et noire nous conduit vers la fin du périple dont l'honneur incombe à Wilt, ambient glauque à souhait. Que d'images et de sons, de rêves éveillés et de cauchemars naissant à l'écoute de ces récits sonores ! Un moment d'oubli, loin de toute réalité sordide, jamais complètement noir ni totalement éclairé...Entre l'ombre et la lumière, il n'y a qu'un pas...