King's X › Black like sunday

Comment font-ils?... "Manic moonlight" le paresseux était-il finalement une manière d'attendre... attendre, pour réunir tout ça. Sans détour, "Black like sunday" est l'album le plus riche, le plus généreux, le plus ample de la seconde partie de carrière du trio; plus de dix ans après la charnière "Dogman", King's X publie la suite de "Faith hope love". Tour à tour lumineuses ou sombres, délicates ou puissantes, lentes ou endiablées, profondes ou légères, mélodiques et habitées, les 14 pièces de "Black like sunday" dressent toute la prodigieuse étendue du paysage King's X: sens mélodique surpuissant, une authenticité et un groove incomparables, une frappe lourde à l'efficacité décuplée par un feeling hors du commun, des choeurs extraordinaires d'harmonies soul et pop, une variété rythmique aux confins de tous les rock, une inventivité de tous les instants. Merveilleusement cohérent, habité par tous les âges du groupe, "Black like sunday" est la synthèse idéale et parfaite de cette splendide carrière, la meilleure entrée en matière, magistrale et subjuguante. De l'intro titre, au mid-tempo gorgé de groove lourd et jouissif, à "Save us" la punky, King's X balance du feeling et de l'inspiration dans tous les sens. "Rock pile", "Working man", "Finished", le groupe est toujours l'apôtre d'un rock péchu et inventif, habité, vivifiant et mélodique; dans "Danger zone" le slow grunge, à danser avec une copine aux cheveux sales, "Down" la merveilleuse, il allume les lueurs de la mélancolie, avec "Dreams" la tapeheadienne torturée au reggae mou métallique, "Screamer" l'inquiétante, "Two" ou l'incroyable "Johnny", fleuve noir de douze minutes entre lamentations, instants suspendus, noirceur et liberté, il continue ses recherches sombres et atmosphériques. Alors voilà : un tel déploiement de savoir-faire, au bout de dix albums et succédant à une recherche avortée, peut tout aussi bien être le signe d'une pleine forme immuable, que celui d'un dernier tour de piste; ce côté récapitulatif, exhaustif, complet, comme si King's X, pour la première fois, se penchait, se retournait sur lui-même. La raison en est simple : cet album présente en fait 14 compositions inédites de toutes les périodes du groupes, et notamment la première. Mais si le titre "Black like sunday" n'augure certes pas de jours radieux, je préfère croire que King's X, comme d'habitude, est au beau fixe. Tout ce qui bouge, tout ce qui chante, tout ce qui émane du rock coule dans les veines de King's X; dixième album d'une discographie exemplaire, "Black like sunday" est une prouesse qui laisse tout imaginer sur la pérennité inédite de ce feeling si particulier qui traverse les trois texans depuis le premier jour. Un disque exemplaire et totalement jouissif !