Hoppy Kamiyama › Juice and tremolo

Parler de la scène underground japonaise sans parler de cette sublime diva d'Hoppy Kamiyama n'est pas vraiment crédible. Et puisque la plupart de ses disques sont relativement difficiles à se procurer, l'occasion m'est donnée de vous y introduire par le biais d'une anthologie thématique fort intelligente publiée sur le label français Sonore. Fondateur du label God Mountain qui a lancé un nombre important de groupes qui le sont tout autant (Bondage Fruit, Koenji Hyakkei, Ground Zero, à commencer par Optical8, son propre groupe), Hoppy Kamiyama est tout simplement un petit génie touche à tout, ne tournons pas autour du pot. "Juice and Tremolo" se donne pour but de nous aider à découvrir les travaux les plus sérieux du bonhomme, c'est à dire, comme l'indique son sous-titre, ses travaux de musique de chambre. Enfin, vous vous en doutez ; pas tout à fait. Si les trois premiers titres de cette compilation font honneur à l'énoncé par le biais de la participation essentielle du quatuor violon de Saito Neko, ils rendent également hommage aux travaux de Steve Reich dont Kamiyama est un fervent admirateur ("F.F.F"). Cette approche contemporaine teintée d'avant garde prend des couleurs moins élitistes sur "Fantasm B" où il met brillamment en confrontation éléments percussifs et instruments à cordes. Sans doute, un des meilleurs moments du disque avec "Fresh for the Jet Set", une pièce inédite d'Optical8, bien secouée. Mis à part un travail sur bande magnétique sur "Insects Dream", le reste du disque présente encore toute une série de courtes musiques destinées à des spots publicitaires. Intéressant mais dispensable. "Nucleon", du haut de ses 14 minutes, scinde l'album en deux ; un superbe exercice au piano solo, tout en subtilité et sensibilité. Bien qu'incomplet et ne présentant qu'une seule facette du personnage, "Juice and Tremolo" est à ce jour le meilleur ambassadeur possible à la carrière polymorphe du producteur japonais le plus courtisé de sa génération.