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Vous êtes ici › Les groupes / artistes › B › Claude Ballif (1924-2004) › L'oeuvre pour flûte
Enregistré à Paris en l’église réformée de la rue Cortembert, Piano Fazioli réglé par Jean-Michel Daudon (Pianoshpère) ; prise de son et direction artistique : Joël Perrot
José Garcia Guerrero (flûte) ; Phillipe Keler (piano) ; Orchestre symphonique Simon Bolivar ; Manuel Hernandez Silva (direction)
Magique, sombre et envoûtante, la musique pour flûte de Claude Ballif trouve son équilibre instable entre mélodisme et atonalité, douceur et agression, pureté et esthétisme. De la pièce symphonique aux partitions solistes, les circonvolutions troublantes et virtuoses de l’instrument miracle hypnotisent et dérangent, pénètrent le cerveau et vous tiennent sous leur chant. D’allure difficile, la musique de Ballif est en fait immédiate, complexe mais sans opacité, pour peu que l’on se laisse aller à son flot capricieux et à ses suites de notes étranges et magnifiques. «Un délire de dédales» commence par la tourmente de l’orchestre qui hurle pour se taire aussitôt, les cuivres sont dissonants, les rythmes inattendus… avant que l’instrument ne s’insinue enfin et n’entame son récit aux détours captivants. Ballif s’attache aux percussions, clochettes et xylophones, fait dialoguer les sons dans les hauteurs aiguës tout en plaquant plus bas des accords névrosés, cordes noires comme la nuit, cuivres laids et tranchants, ou installe des moments de tensions souterraines et de grondements contenus sur le matelas desquels il fait chanter une flûte qui révèle l’ombre de Pan. Ce délire de dédales se déroule comme une scène aux nombreux événements et aux lumières changeantes. Les rythmes y sont brisés, les tempi très rapides avant d’être rompus par de soudaines plongées qui distendent le discours jusqu’à le faire vagir. Plus intriguantes encore, les quatre pièces suivantes pour deux ou un soliste fascinent par leur richesse et leur intelligence. Oniriques et intellectuelles, elles confrontent un piano aux gouttes imprévisibles à une flûte sublunaire, qui siffle, qui roule… qui s’étire tout doucement en des notes inquiétantes. De la musique par éclats, en ruptures de silence, qui parcourt tout l’espace en se moquant de tout comme le démon pointu. Inventeur de l’autoproclamée Métatonalité, Claude Ballif a certes trouvé là un terme qui lui va bien. Le Solfeggieto solitaire est une fabuleuse errance d’un instrument perdu entre notes et bruits bruts, entre cris et questions, entre recherches discrètes sur la forme du son et rêveries pures et simples. Quarante années de vie pour cette heure de musique, de 1958 à 2000 Ballif a peaufiné des partitions subtiles aux lueurs plutôt sombres. De la très, très, très belle musique…
note Publiée le dimanche 28 septembre 2003
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