Caprice › The evening of Iluvatar's children

Après une petite pause sans rapport thématique (le mini ‘Songs of innocence and experience’), Caprice nous revient avec le second volet de sa suite consacrée à l’œuvre de Tolkien. Si le groupe poursuit dans la même optique de travail, à savoir une approche néoclassique plus feutrée, féerique et onirique que martiale, ce disque se révèle d’emblée plus diversifié et riche dans ses atmosphères que son prédécesseur ‘Elvenmusic’. On y trouve en effet des pièces heavenly à fortes inspirations celtiques (‘Rhyme of Lore’, ‘Of Beren and Luthien’, ‘Galadriel’s song’) notamment par un usage plus marqué de la harpe, alors que ‘Bath song’ évolue dans une ambiance plus joyeuse, presque cabaret au niveau orchestration. Un titre comme ‘Shadow bride’(probablement l’un des plus sombres du cd) conjugue des aspects ethniques avec une rythmique quasi médiévale et des touches néoclassiques, avec des passages plus tendus et dramatiques au niveau vocal lorsque une voix masculine s’en vient crier sur la fin. Le court ‘Athelas’, lui, a un aspect très chorale. Ses clavecins donnent à ‘Sam’s song’ un petit air Renaissance, quant aux cuivres, piano et violons dramatiques de ‘Tower of Cirith Ungol’(à compter parmi les pièces ténébreuses de l’album), ils m’évoquent volontiers des échos de Kurt Weil dans ‘L’Opéra de quatre sous’. Pour le reste, c’est du néoclassique, tantôt dynamique (‘Passion’), tantôt plus calme, tantôt léger, tantôt plus grave. Techniquement, l’interprétation est irréprochable et l’aspect mélodique me semble plus travaillé encore que sur ‘Elvenmusic’. Même si parfois la très belle voix de Inna s’égare dans des pirouettes haut perchées un peu stériles, elle peut se montrer poignante et d’une grande profondeur. La diversité des styles explorés donne plus de corps à la musique mais en même temps peut nuire à une certaine cohésion de l’album et des émotions de l’auditeur qui pourrait s’en trouver légèrement désarçonné. Autre faiblesse à mon avis, ‘’Evening of Iluvatar’s children’ est un peu trop long et la qualité des atmosphères ne parvient pas vers la fin à empêcher un léger sentiment d’ennui, les structures et les orchestrations commençant à sonner trop familières. Il n’en demeure pas moins un bon album que j’aurais tendance à préférer, malgré sa cohérence moins évidente, à ‘Elvenmusic’.