Gothica › The cliff of suicide

Gothica ou le romantisme flamboyant…Après un premier album prometteur mais un peu figé émotionnellement, le duo nous revient avec un second opus nettement plus réussi. Certes, l’influence de Dead can dance est encore présente mais le groupe semble avoir mieux intégré et compris ses propres émotions, ce qui se ressent nettement dans l’efficacité des mélodies. Une autre qualité de ‘Cliff of suicide’ est le gros travail fourni sur les atmosphères, toutes en nuances, montées, silences, suites oppressantes qui évoquent à merveille les déchirements de l’âme sur le miroir de la nature. Si l’ambiance générale est principalement néoclassique avec violons, flûtes, cloches et autres, elle n’empêche pas quelques plages légèrement plus ethniques (‘Harmattan’ et ses percussions notamment ou ‘Where the lilies fade’). Alors oui, certains passages évoquent encore Dead can dance et Roberto ne peut s’empêcher de chanter comme Brendan Perry, mais d’un autre côté, on sent clairement, vu la force émotionnelle de l’album que le groupe a dépassé le stade de la simple copie de maître et la beauté de ‘Cliff of suicide’ parle d’elle-même (‘Cliff of suicide’, ‘La vida es sueno’). Poignant, mélancolique, parfois apaisant il est également plus sombre et nocturne que son prédécesseur ; le groupe s’inspire d’ailleurs d’un monument de la littérature gothique, ‘Le Moine’, pour l’un de ses morceaux (‘The Monk’ séparé en quatre parties) et cite Edgar Allan Poe. Cerise sur le gâteau, le livret est une fois de plus de toute beauté, richement illustré de peintures, de la période Préraphaélite notamment mais, et c’est un signe, on y trouve également une vue de l’enfer plus ancienne. Romantique, ce disque l’est, au sens profond et artistique du terme et il s’écoute comme on admirerait une toile du grand Friedrich.