Virgin Prunes › Artfuck

‘Art fuck’ compile divers travaux inédits des Virgin Prunes durant la période 1980-83. Inédits ? Pas tout à fait en réalité puisque les sept derniers morceaux figurent également sur l’album ‘Over the rainbow’, ce qui nous laisse tout de même sept inconnus à nous mettre sous la dent, et pas question de fonds de tiroirs, ce sont des titres réellement intéressants. ‘Twenty tens’ et ‘In the grey light’ opèrent dans une veine post-punk assez débridée : rythmique rapide, chant halluciné. ‘Moments and mine’ a une approche similaire mais plus expérimentale et coloré d’une petite touche de new wave folle. Le très bon ‘Revenge’ marque le goût des Virgin Prunes pour le théâtre de l’absurde avec ses atmosphères cabaret décalées et ses voix haut perchées. C’est Dave-Id qui assure les vocaux de ‘Children are crying’, sorte de parodie bluesy glauque sur fond de boîte à rythmes à deux sous. On aime ou non sa manière de chanter faux, il est certain qu’elle colle à merveille aux ambiances délirantes du groupe. J’aime beaucoup ‘…Greylight’, morceau plus électronique avec beats syncopés avec descentes de clavier et vocaux débridés en arrière-fond. Avec ‘War’, on glisse vers de l’ambient expérimental. La seconde moitié de l’album est encore plus particulière, jugez plutôt si vous n’avez pas écouté ‘Over the rainbow’ : ‘Red nettle’ construit sur quatre accords étouffés qui tournent en boucle, ‘Mad bird in the wood’, sorte de collage de cris de pigeons déformés, ‘Jigsawmentallama’, ambient constitué de nappes de guitares avec en arrière-fond des roulements étouffés, ‘King of junk’, comptine second degré pour enfant ou si vous préférez, une version punk des Schtroumpfs, ‘Just a love song’, parodie de chanson d’amour sur le timbre faux de Dave-Id et un piano désaccordé ; piano décalé encore sur ‘The happy dead’, quant au final, ‘Third secret’, il se base sur des murmures à peine perceptibles entrecoupés de tuyaux métalliques qui s’entrechoquent. Virgin Prunes s’est toujours ri des étiquettes prenant un malin plaisir à défier tous les codes possibles. Parfois, les albums de soit disant raretés ne sont rien d’autre qu’une façon de se faire de l’argent avec des rebuts de studio ; dans le cas de ‘Art fuck’, il s’agit d’une indispensable compilation de petites perles qu’il eut été bien dommage de ne jamais voir figurer en cd.