Ain Soph › II

Amateurs de cauchemars sonores, ce disque est pour vous. Plus ésotérique que jamais, la démarche de Ain Soph consiste à mettre en musique des rituels magiques qui font intervenir les systèmes de la Cabale et le pouvoir de la volonté, autrement dit n’entre pas qui veut dans ce genre d’album. Je le comparerais à nouveau à une transe ou un phénomène d’hypnose qu’il faut accepter, autrement dit avoir son esprit préparé à cela. Les pièces sont très lentes, longues, répétitives et sombres ;c'est un espace de malaise permanent qu’il faut accepter pour en tirer le meilleur. Le premier morceau basé sur les clefs ‘énochiennes’ est formée de notes de basse lourdes et étouffées, avec en arrière-fond des bribes d’incantations qui se font de plus en plus fortes, entrecoupées de grincements de guitare. Je préviens les plus sensibles, il dure une demi-heure. Ce n’est pas le morceau suivant qui rendra l’atmosphère plus légère : une voix désenchantée et incantatoire déclame inlassablement sur fond de grincements spectraux. A tel point que les percussions lourdes et étouffées qui suivent apparaissent presque comme une délivrance… s’il n’y avait pas à nouveau ces chuchotements malsains en arrière-fond. Pour clore cet album terrifiant, des chœurs lourds ponctués de chants clairs légèrement tremblants qui n’ont rien de rassurant. La qualité approximative du son (ces travaux étant sortis en k7 à l’époque) ne fait qu’accroître cette atmosphère pesante et noire qui n’est certes pas destinée aux âmes sensibles. Les amateurs d’ésotérisme ou d’expérimentations sonores autour de la magie seront comblés. 4,5/6