Babylone Chaos › Transmission 1.618

Non, ce nom ne dissimule nullement un combo de death métal ou de grindcore vengeur mais bien un groupe d’industriel au sens le plus noble du terme. En héritiers spirituels de formations comme Throbbing gristle, Cabaret Voltaire ou Coil, Babylon Chaos (ex-Radio Massacre) expérimentent autour d’éléments disparates comme des torsions de fréquences, des séquences rythmiques, des samples et autres grésillements qu’ils rassemblent, divisent, réarrangent, réinterprètent en défiant les codes de la structure et du rythme. Nullement chaotique, leur musique ne me semble pas pouvoir être qualifiée d’agressive, intense me semble mieux approprié ; elle requiert une écoute attentive et concentrée car chaque détail y a son importance et elle ne livre ses secrets que progressivement, une fois l’auditeur entré dans sa transe. Comme les pièces d’un puzzle, les éléments se rassemblent, semblent se perdre, changer de couleur pour en revenir à une base qui n’est plus celle de départ ; on peut parler de sculptures sonores qui prennent forme en direct. Il est conseillé de l’écouter fort, non qu’elle le soit elle-même, de longues plages sont à peine perceptibles, mais pour en capter chaque nuance. L’exercice s’avère, ne le cachons pas, épuisant nerveusement, les morceaux pouvant aller jusqu’à 15 minutes, du travail d’orfèvre pour public averti. Pour conclure, je citerai la citation du compositeur Iannis Xenakis qui figure sur la pochette : ‘ Au lieu de partir de l’idée d’élément unitaire et de sa fastidieuse réitération, ainsi que de la superposition de plus en plus irrégulière de ces éléments réitérés, nous pouvons partir d’une idée de désordre, puis introduire des moyens de l’augmenter ou de le diminuer’.