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Tom Waits › Mule variations

16 titres - 70:42 min

  • 1/ Big in japan - 2/ Lowside of the road - 3/ Hold on - 4/ Get behind the mule - 5/ house where nobody lives - 6/ Cold water - 7/ pony - 8/ What’s he building ?» - 9/ Black market bay - 10/ Eyeball kid - 11/ Picture in a frame - 12/ Chcolate jesus - 13/ Georgia lee - 14/ Filipino box spring hog - 15/ Take it with me - 16/ Come on up to the house

informations

Produit par Tom Waits et Kathleen Brennan. Enregistré et mixé par Oz Fritz et Jacquire King aux studios Prairie sun.

line up

Andrew Borger (batterie, percussion), Kathleen Brennan (boners), Ralph Carney (saxophone, harmonica, trompette, basse clarinette), Les Claypool (basse), Greg Cohen (basse, percussion), Chris Grady (tp) (trompette), John Hammond (harpe), Stephen Hodges (percussion), Smokey Hormel (chumbus, dousengoni, guitare, dobro), Joe Gore (guitare), Larry LaLonde (guitare), Brian "Brain" Mantia (batterie), Charlie Musselwhite (harpe, harmonica), Nick Phelps (saxophone baryton), Larry Rhodes (basson), Marc Ribot (guitare), Larry Taylor (basse, guitare), Tom Waits (guitare, voix, optigon, orgue, piano, pump organ, percussion, chamberlin), Jacquire King (programmations), Christopher Marvin (batterie), Jeff Slone (percussion), DJ M. Mark «The III Media» Reitman (platine), Dalton Dillingham III (basse), Linda Delucia-Gbidossi (violon), «Preacher» Tom et Jeff «G-man» Sloan (boners)

chronique

  • true tom waits

On le voit bien : le ciel est sombre, la lande sèche et aride... le bonhomme inquiétant. «Mule variations» est rude, long, nuageux, souvent colérique et cru. Il est triste. Au service de compositions amères et inconfortables, le son de terre glaise en manque d’eau, la laideur authentique, comme ce traitement vieillot, cette photo sale et jaunie. Tom Waits est parti avec sa vieille guitare au milieu de ce no man’s land dont les pages du livret nous montrent la désolation fantasque et terrible, et, loin de tout et du monde, il a trouvé là une vieille bicoque abandonnée, avec terrasse sur le rien et un vieux piano. Alors il s’y est installé avec quelques musiciens et les drôles d’instruments qu’il a pu trouvé là... seuls au centre de ce pesant désert. On entend craquer le plancher de la terrasse, les chaises cassées et tordues où ils se sont assis, ils se passent les bouteilles que l’on entend cogner et jouent du blues... rien que du blues. Car cette lande monochrome n’est autre que le monde autiste du véritable Tom Waits. Il est ici en plein coeur de lui-même ; il n'est pas venu jusqu'ici pour briller, innover, pour inventer ou surprendre... il ne veut plus de flonflons, de parades et d’acteurs... il est las des couleurs, las de la beauté... las de se dépasser. «Mule variations» est un album de True Tom Waits. Sans maquillage, Waits est un bluesman pur... fou et dissonant, saugrenue, enragé, emporté... en souffrance. Ponctué de mélancolie blues : «Hold on», «House...», «Pony», «Picture...» et autres «Take it with me» , mélodies tristes au piano vieux, une guitare alcoolisée... confidences à la Tom, ce recueil exigeant qui enfonce dans l’ennui cherche le son désagréable, la voix nasillarde étouffo-saturée... la guitare moche... le goulot de bouteille et la grosse batterie trouvée crevée sur place. Extrême blues comme «Cold water», au rythme insupportable de lenteur, au chant plaintif et gueulard, à la mélodie standard plat. Blues atmosphérique comme «Lowside of the road», au groove primo-binaire, aux arrangements inquiétants, trompette qui chute, chumbus comme percussions... une drôle d’histoire au son sourd fascinant. Blues agressif comme «Big in japan» en ouverture calculée, son intro de percussion vocale désagréable, son chant pénible comme un clodo qui montre son cul, sa guitare chiante et ses saxos relous... pfffff... Waits fait du blues et s’ennuie, s’attriste... il râle. Mais il inquiète, oh oui... au coeur de Tom il y a le blues, et la folie. Le bonhomme gueule dans son micro et sature sa voix. Il fait des mélodies moches et ennuyeuses, des rythmes qui font remuer la tête comme des cons... et il se tape de très mauvais trips. «What’s he building ?» le sublime, à la voix glaireuse et vieille raconte une histoire suspicieuse et étrange sur de bruits bizarres, industrie, gong, trompettes, et marque de sa sombre atmosphère le début d’une série de pièces louches et blues, formidablement extra-terrestres, autistiques, encore une fois. «Black market baby» est entièrement désaccordée, un lourd bruit de fond la vieillit, sa lenteur à la mélodie triste et déformée la rend lourde et pathétique. «Eyeball kid» pète les plombs, tout simplement ; «Chocolate jesus» est rythmé par le chant du coq, l’harmonica s’y aventure au début avec difficulté par cris aigus, et la guitare y est presque ridicule. «Filipino...» est une pure agression de blues. Le rythme cogne juste pour nous emmerder, Tom Waits gueule en tirant la langue, il y a des os, des tables tournantes, cet harmonica crillard, la guitare larsene ou joue un peu n’importe quoi, 3 minutes... mais vraiment pénibles. Blues valse, enfin, en clôture de l’album ; l’annonce faite par Tom Waits qu’après ce rude désert, cet album désolé, il s’en retourne au cirque, il revient au théâtre, reprend sa voix énorme et singe une belle fanfare. «Tu dois rentrer à la maison» dit-il, celle d’Alice et de Blood Money. Car ici, c’est vrai que Tom waits, quelque part, nous fait chier. Pour la première fois, il n’a pas voulu chercher. «BEUUUAAARRKK ! ! ! ! ! » et une grosse langue tirée... voilà ce qu’est «Mule variations». Un Tom Waits sans parure, sans mise en scène, juste mal, juste blues et fou fêlé. On peut lui en vouloir, après le virtuose Black Rider et six ans de silence, de faire du True Tom Waits. C’est oublier trop vite, comme cet album le prouve, qu’il n’en avait encore jamais fait.

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le dimanche 8 juin 2003

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Note moyenne        19 votes

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Potters field Envoyez un message privé àPotters field

le seul album de Waits que je ne re-écoute jamais. après le génial black rider, celui-là m'avait laissé sur ma faim. Alice m'avait pas botté non plus des masses, remarquez, mais un peu plus quand même. Retour en grâce avec blood money et surtout real gone, pour moi.

Raven Envoyez un message privé àRaven
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À la réécoute (je me refais sa disco tranquille) j'avoue qu'il m'a plus botté qu'Alice... C'est une usine à tubes en fait, du Waits calibré qui tabasse (et qui fait verser la grosse larmiche quand même - "Hold On"). Avec "What’s he building ?" en entracte parano.

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Cera Envoyez un message privé àCera

C'est pourtant une de ces plus belle réussite. Enfin y'en a tellement...

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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hop (jamais été très fan de cui-ci)

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Freyd Envoyez un message privé àFreyd
Super chronique pour un album à la beauté lourde et triste.