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Claude Debussy (1862-1918) › La musique de chambre

13 titres - 71:25 min

  • Premier quatuor à cordes, opus 10 1893 (1-4)
  • 1/ I animé et très décidé 6.05
  • 2/ II assez vif et bien rythmé 3.47
  • 3/ III Andantino, doucement expressif 6.51
  • 4/ IV très modéré-très mouvementé et avec passion 7.05
  • 5/ Syrinx pour flûte seule 1913 2.36
  • Sonate pour violoncelle et piano 1915
  • 6/ I prologue 5.08
  • 7/ II sérénade et final 7.34
  • Sonate pour flûte, alto et harpe 1915
  • 8/ I pastorale 6.47
  • 9/ Interlude : tempo di minuetto 5.38
  • 10/ III final 4.28
  • Sonate pour violon et piano 1916-1917
  • 11/ I allegro vivo 4.50
  • 12/ II intermède : fantasque et léger 4.20
  • 13/ III finale : très animé 4.30

informations

Enregistrement réalisé dans l’auditorium du centre culturel de Lommel, Belgique, du 12 au 17 septembre 1999.

Cet enregistrement de la famille Kuijken n'a pas comme seul avantage de présenter l'intégrale de la musique de chambre de Debussy (alors qu'il s'agit souvent de programmes de pièces associées à Ravel) mais aussi, et surtout, une intéprétation vraiment réussie, entre authenticité acoustique et liberté artistique. Je le conseille en priorité.

line up

Sigiswald Kuijken (violon et alto) ; Veronica Kuijken (violon) ; Sara Kuijken (alto) ; Wieland Kuijken (violoncelle) ; Barthold Kuijken (Flûte) ; Piet Kuijken (Piano) ; Sophie Hallynck (harpe)

chronique

  • musique de chambre-impressionnisme

Claude Debussy a révolutionné, redéfini, élargi à l’inimaginable le vocabulaire mélodique et harmonique de son art... accroissant son champ d’expressivité à l’avènement de la musique impressionniste. Ce glissement subtil, cette vibration nouvelle, cet espace soudain ouvert dans le ciel musical et par delà lequel on aperçoit monts et merveilles... Debussy créa la musique picturale, la musique peinture... la musique paysage. Paysages naturels, imaginaires, mythologiques ou émotionnels... il savait tout peindre, et il peignit tout. Dans sa musique de chambre, malheureusement peu abondante puisque ce simple CD en réunit l’intégrale, le maître français a su reproduire, insuffler voire éprouver ses pratiques magiciennes et secrètes. Léguant surtout à la postérité des oeuvres orchestrales à la science nouvelle impressionnante comme «La Mer» le sublime ou «Pelleas et Melissande», Debussy compose en 1893 son premier et unique quatuor à cordes. On sent que l’impressionniste pur est en pleine découverte de lui-même à cette époque du «Faune»... les quatre instruments aux textures si mêlées vont ainsi se croiser, se frôler et se couvrir, se dissocier parfois de force comme une branche se déchire de son tronc, dessinant à mesure espace, ombre et lumière d’un lieu aux mouvements habités. La magnificence de la musique de Claude Debussy réside particulièrement dans cet équilibre d’orfèvre, à une époque où tout le vocabulaire semble être à définir, mais où la mélodie défend encore sa place dans un monde de musique qui cherche à lui échapper. Elle se plie, se courbe de lignes nouvelles, dévoile des accents cachés, déploie des ailes immenses qu’on ne lui soupçonnait pas... plus centrale que jamais. Harmonies étranges, sombres, lunaires, intriguantes, apaisantes... mélodies curieuses et rythme en liberté qui se tend et s’étire aux caprices de ses notes. Ainsi Claude Debussy (et son double Ravel...) vont-ils offrir au monde une musique d’exception, fantasque et délicate, magistrale et parfaite. Ce premier quatuor à cordes est une véritable prouesse ; comme le firent les romantiques, l’impressionniste y place les ambitions complètes d’une oeuvre pour grand orchestre ; la partition, de fait, est une démonstration assez hallucinante de la puissance évocatrice dont est capable l’artiste : paysages, émotions, langueur... une manière unique et admirable de souligner doucement les dures lenteurs du temps. Mystérieuse, fascinante, troublante, étrange et envoûtante, «Syrinx» pour flûte seule est devenue une des pièces majeures du répertoire, et ce malgré sa dimension (2mn36 ici...). Condamnée à la simple mélodie, la flûte entonne ici un chant d’une beauté nocturne et aérienne merveilleuse, aux angles mélodiques inimitables et typiques de ce maître entre tous. Là, comme dans le superbe andantino de son quatuor, et dès lors dans les sonates subtiles qui terminent le programme, Debussy fait coexister la plastique de l’impressionnisme avec la densité émotionnelle. Debussy ne peint pas que des paysages, il les mets en mouvements, les anime d’événements, les habite... il expose son humeur souvent mélancolique, assis et écrivant au bord de ces rivières. Pour lui la contemplation ne peut se faire sans coeur... la note qui peint la fleur est aussi celle qui semble pleurer doucement, l’accord qui annonce l’orage révèle un tourment lourd, la mélodie rivière est aussi une image d’un sourire. Les trois sonates alternent ainsi entre légèreté florale et tristesse suspendue. La gravité du violoncelle et la patte mélodique très marquée de son époque (1915), que le piano applique avec délicatesse et une virtuosité fréquemment invisible... la folie fantasque, dansante et excitée de la sonate pour violon et piano, son intermède aux aigus hystériques et rieurs, son final aux graves tempétueux... et surtout l’extraordinaire sonate pour flûte, alto et harpe, instruments pour lesquels Debussy avait un instinct tout aussi surprenant que maîtrisé ; de la pastorale d’ouverture au final, les sons magiques de la flûte et de la harpe vont s’unir ou se distancier dans un balais de mélodies et de mouvements plastiques, sur fond d’alto boisé. Enfin... je suis bien incapable d’évoquer par l’écrit les impressions profondes et les magies étranges de la musique du maître. Plus sérieux, plus aride qu’une pièce généreuse pour orchestre, ce recueil de l’oeuvre de chambre de Debussy n’est pourtant pas le plus mauvais moyen de découvrir l’artiste. Sa légèreté acoustique, sa simplicité d’effectif permettent de prendre toute la mesure de chacune de ces notes, de laisser s’écouler la moindre mélodie, de prendre le temps qu’il faut aux harmonies martiennes... une facette moins connue, mais tout aussi captivante, de l’immense Debussy.

Très bon
      
Publiée le samedi 31 mai 2003

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    commentaires

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    Daevalis Envoyez un message privé àDaevalis

    C'est vrai que je pourrais tenter là-bas, mais je n'y ai jamais vu ce disque mentionné, alors qu'ici il semble avoir la cote.

    ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

    si tu n'as pas trouvé par toi-meme en cherchant un peu, demande aussi sur classik forumactif, ils sont souvent calés question recherche musicale.

    Daevalis Envoyez un message privé àDaevalis

    Tout ça fait certes saliver mais... quelqu'un a un bon plan pour trouver ce disque à un prix décent ?

    funhouse Envoyez un message privé àfunhouse
    Je suis assez d'accord avec Trimalcion, la musique pour piano seul est sans doute le meilleur abord pour decouvrir Debussy. A vrai dire, je trouve que c'en est même la quintessence, notamment dans l'interprétation de Claudio Arrau (Philips).
    Arno Envoyez un message privé àArno
    Pelléas ? Petit père ? (Vivement la chronique)