A Minor Forest › Flemish altruism (constituent parts '93-'96)

"Flemish Altruism (constituent parts '93-'96)". Qu'est-ce que c'est que pour un titre d'album ? Qui plus est, un premier album... A Minor Forest ? Un redoutable trio au passage éclair. Et un premier disque aux allures d'un grondement de tonnerre, annonciateur de la foudre à venir, "Inindependence". Pour l'heure, poursuivons les présentations : voici donc un groupe Californien qui assume et revendique pleinement sa volonté de s'inscrire dans un mode d'écriture emprunté aux groupes à la fois les plus rugueux et les plus complexes des années soixante-dix, King Crimson le premier. Bien que l'aspect répétitif des guitares incarne un point de comparaison évident, c'est moins dans celui-ci que dans l'assiduité du groupe à composer de longues plages instrumentales pleines de rebondissements et de contrastes que l'on verra se réaliser ce souhait. Dans le genre, Don Caballero fait plus office de cyclone ; il vous malmène une heure durant, si bien qu'à la sortie du disque, on ne sait plus très bien où on en est, ni d'où on vient réellement. A Minor Forest est plus vicieux. Plus souterrain. Sa musique recèle des parts d'ombres énormes qui s'étendent sur nous comme les crocs d'un rapace prêts à se saisir de sa proie. C'est cet équilibre judicieux entre moments d'une sérénité lourde de sens et mouvements de violence sans retenue qui donnent à cette musique toute son ampleur, comme ce fût le cas en son temps pour ceux qui de 1973 à 1975 n'avaient pas usurpé la couronne dont ils étaient coiffés. Malgré ce plebiscite presque trop beau pour être vrai, "Flemish Altruism" sonne comme incomplet. Une esquisse. Qui laisse tout de même des marques... Parmi celles-ci, ce mot à l'intérieur du livret qui en dit long sur les intentions du groupe : "A Minor Forest milite pour la destruction de l'espèce humaine". Ce malaise, il s'entend dans chaque voix qui se brise, chaque ligne de basse qui gronde, chaque accord de guitare qui se déchire, chaque cymbale qui scintille. La bataille ne fait que commencer...