Creedle › Silent weapons for quiet wars

Pas de temps à perdre : Creedle revient à la charge en se ruant, les mâchoires en avant et l'écume aux lèvres, sur le cou du pauvre auditeur qui passait par là. Encore plus secret que leur premier album, cette deuxième livraison revêt un accoutrement qui jette d'autant plus le trouble sur la déjà déstabilisante trajectoire adoptée par le groupe. Conçu comme une hermétique encyclopédie maçonique (sic), on retrouve dans ce nouveau Creedle tous les ingrédients qui avaient suscité notre intérêt sur leur premier essai. Ici néanmoins, le groupe paraît beaucoup plus direct. On ne tourne plus en rond inutilement et on fait parler la poudre dès que l'occasion se présente. C'est à dire assez souvent. Mais qui s'en plaindra ? On continue de jongler entre pièces ambitieuses et dégingandées, similaires, d'une certaine façon, à celles prodiguées par Nomeansno, et d'autres plus petites, tantôt loufoques ("I Like Merry Go Rounds"), tantôt on ne peut moins expérimentales ("Acacia"). D'ailleurs, c'est sans y avoir l'air que Creedle met la main à la patte dans ce domaine. Ce qu'il avait pu essayer sur "Half Man, Half Pie !!", il le met plus souvent en pratique ici ; l'utilisation des bandes magnétiques, renversées, inversées ne servent plus qu'aux seules transitions entre deux titres : Creedle commence à bien maîtriser son sujet si bien qu'en injectant à ses compositions tous ces éléments caractéristiques, celles-ci gagnent en densité. Parmi les influences les plus marquées, on notera qu'ils délaissent leur jazz de fortune en faveur des musiques de film ("Mameluke", l'intro de "Jesus"). Quitte à être redondant, il n'y a bel et bien qu'un seul groupe à la face du monde capable de dessiner des musiques aussi hautes en couleurs : Mr.Bungle. Bien que la comparaison soit flatteuse, elle est aussi réductrice car résumer Creedle à un Mr.Bungle du pauvre est un non-sens. "Silent Weapons for Quiet Wars" est leur album le plus ouvertement électrique et convaincra facilement tous ceux dont les digressions intellectuelles de la bande à Patton énerve.