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Henryk Gorecki (1933-2010) › Miserere

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Tallis      mercredi 26 mai 2021 - 19:20
Dead26      samedi 2 mai 2020 - 12:30
Chaocracy      mercredi 17 novembre 2010 - 23:42
Khyber      samedi 5 septembre 2009 - 17:16
Arno      mercredi 8 octobre 2008 - 10:13
Sigur_Langföl      mardi 3 juin 2008 - 19:07
Spektr      dimanche 23 mars 2008 - 19:41
Warsaw      samedi 27 mai 2006 - 14:16
kuroikarasu      mardi 12 juillet 2005 - 00:43
mroctobre      mercredi 16 mars 2005 - 16:09
Vicious.666      jeudi 18 novembre 2004 - 08:33
érèbe      mardi 27 mai 2003 - 18:24
cyprine      vendredi 16 octobre 2009 - 09:50
prypiat      vendredi 17 juillet 2009 - 18:43

9 titres - 67:23 min

  • 1/ Miserere opus 44 (1981) 32.39
  • 2/ Amen opus 35 (1975) 6.24
  • 3/ Euntes ibant et flebant opus 32 (1972) 8.36
  • 4/ Wislo moja, wislo szara opus 46 (1981) 4.30
  • 5-9/ Szeroka woda opus 39 (1979) 15.12

informations

Produit par Philip Waldway. Enregistré du 25 au 27 avril 1994 à l'église St Mary of the Angels, Chicago, Illinois. Ingénieur : Henk Kooistra.

Ce disque est un tout. Le Miserere bien sûr en constitue la pièce maîtresse, mais les terrifiants et glaciaux «Amen» et «Euntes… », ce dernier tout en progression désincarnée et sévère, en latence insupportable, en sont de dignes précédents. John Nelson, qui dirige aujourd’hui l’orchestre de Paris se montre ici particulièrement performant dans la direction de chœurs, le sens du brut, de cru, et la délicatesse des passages les plus ténues. Ces motets éprouvants sont une nouvelle plongée dans ces ténèbres A Capella.

line up

1-2-3 : Chicago Symphony Chorus/Chicago lyric Opera Chorus ; John Nelson (direction) ; 4-9 : Lira Chamber Chorus ; Lucy Ding (direction)

chronique

  • musique sacrée-contemporain

Fermez les yeux… entièrement. Tout commence dans le silence, encore… et dans le noir… muet. Dans le noir tout est possible, mais ici… vous savez déjà que ce silence est habité… et que des voix attendent dans les ténèbres. Lorsqu’enfin, après un long désert de noir et de mutisme, elles ouvrent alors les yeux, plus lentes que des golems, on aperçoit leur clarté morte, vaguement luire dans le noir. Gorecki fait chanter les statues de pierre. Leurs voix à l’unisson ont l’épaisseur d’un chœur d’armée fantôme… leurs gorges sont graves comme les cavernes dans la pierre desquelles elles ont été sculptées. Des statues immobiles qui élèvent peu à peu la puissance de leur chant, répandant la lueur autour de leur estrade, dévoilant peu à peu leurs visages sanctifiés et fermés comme des tombes. Ils en appellent à Dieu… à la miséricorde, avec humilité, désespoir enfermé et soumission unanime. Ils en appellent si fort que sans l’avoir vu venir, vous voilà submergé par la violence du son, la force de l’unisson et la rage non chantée mais tellement explicite de ces rangées de pierres condamnées à se plaindre. Leur rumeur secrète habite en permanence le fin fond des ténèbres… même lorsque tout est calme, on les entend gronder. Ils en appellent encore… ils se terrent à nouveau… puis ils appellent encore, et encore, et encore, des vagues de force chorale déforment alors la plainte latente… les voix en toute puissance, aussi lentes et bornées, aussi obéissantes et craintives de leur Dieu que lorsqu’elles croient se taire, mais si pleinement unies et lâchées vers l’avant qu’elles vous soulèvent de terre. Il faudra vingt minutes qui paraîtront si longues avant que peu à peu, comme un miracle triste arrivant sous nos yeux, les registres se séparent, les voix se dissocient… les statues, doucement, se mettent à s’émouvoir. Après un chant de pluie où les hommes et les femmes croisent leurs mélodies sombres, des plans diaphanes et inquiétants se tissent alors, la blancheur froide d’un chœur de femmes aux harmonies terribles. Puis, désormais libérée la chorale va en appeler encore, lors d’une messe souterraine, soudaine et éphémère, une poussée religieuse de voix superposées à l’entrain trop puissant pour sortir de la nuit. «Domine…. Domine… Domine… Domine… : il n’y aura plus rien d’autre. Durant des heures factices à l’impact réel ces statues de damnés ne vont plus dès lors que répéter Son nom… «Domine Deus… Domine Deus… dans la rumeur secrète qui fait tendre l’oreille, comme dans l’excès puissant et la lourdeur sérielle. Lorsqu’ils arrivent enfin, dans la crainte terrifiée et la tête penchée basse, à oser formuler leur demande de pitié, ces statues aux cœurs d’hommes se perdent dans le silence, le murmure délicat… miserere nobis… de longues, longues, longues minutes d’austérité perdue, d’atroces douleurs cachées, grimées en voix silences… «Domine Deus noster, Miserere nobis… ils ne diront rien d’autre, durant cette demi-heure aux allures séculaires… «Domine Deus noster, Miserere nobis… «Dieu notre Seigneur, prend pitié de nous…

note       Publiée le dimanche 25 mai 2003

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Note moyenne        14 votes

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Je découvre l'histoire des Miserere, c'est assez fascinant, entre partitions perdues, retranscriptions "légendaires" au jugé, censure totale du Vatican, puis censure de la censure pour des questions politiques intra religieuses... celui là et celui de Pärt laissent sans voix.

mangetout Envoyez un message privé àmangetout

Les plus de trente minutes du "Miserere" sont d'une acuité dramatique plutôt oppressante pour qui ne s'y attend pas, en effet il y a quelque chose de supplicié dans cette musique. Les allers/retours, les pauses, les agitations subites, l'énorme réverbération naturelle, les effets de masse sonore, de blocs vocaux compacts, glissants et insaisissables, tout tend à ce que cette musique, lourde de terreur contenue, s'impose à celui qui l'écoute, ce dernier s'orientant à travers ces ombres sonores comme un prisonnier à tâtons dans la nuit qui l'étouffe. Une magnifique expression d'âmes déchirées qui chantent leur douleur en même temps que leur béatitude. A noter que la très belle chronique de Sheer-Khan rend très bien l'atmosphère tendue de la musique de Gorecki tout en attirant les oreilles pour qui passerait par là, les mains dans les poches et la tête dans les nuages...

volodia Envoyez un message privé àvolodia

Gorecki est mort le 12 novembre 2010. Il connait maintenant la Vérité, et nous laisse pareils à ces statues de pierres. Cette musique est un chef d'œuvre. Merci à Sheer-Khan pour son remarquable texte. Tous deux m'ont donné des frissons et ont contribué, sans s'en douter, probablement, à infléchir le cours de ma vie. Cela ne s'oublie pas.

boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

ouch, fait mal... quelques rayons de lumière pâle dans cet océan sonore de désespoir et de tension.

cyprine Envoyez un message privé àcyprine

Gorecki vaut bien une messe...

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