Vingdar › A blaze with hate

Voilà une démo qui, n’en doutons pas, va atteindre son but : attirer l’attention du public, et d’éventuels labels, sur le cas Vingdar. Car Vingdar possède déjà un son, une qualité technique, un batteur et un soin de composition qui dépassent largement le cadre de la démo, pour atteindre un niveau que bien des groupes signés sont loin, très loin d’avoir acquis. Trois titres de black/dark nerveux et sophistiqué, avec, encore une fois, une batterie remarquable aussi bien dans sa technique que dans la variété de son approche : enchaînement d’un rythme à l’autre avec classe et fluidité, du blast terrible et impitoyable aux accents lourds, en passant par autant de breaks et sursauts à l’exécution parfaite… la musique et ses structures en ressortent formidablement consolidées et crédibilisées. Rapide, nerveuse, rageuse et mélodique juste ce qu’il faut, la musique de Vingdar affirme puiser son origine dans «la scène extrême légendaire du début des 90’s» mais aussi être tournée vers l’avenir ; il ne s’agit pas, de fait, de funeral black metal norvégien. Vingdar insiste sur la puissance, la vitesse, la qualité d’exécution et la non linéarité… on pense plutôt à Dark Funeral ou plus récemment, Dark Fortress. Le son est agressif et propre, gros ; les cymbales, la cloche ride se détachent parfaitement et renforcent l’impact de finesse de Vagorn. Cette succession de riffs bien trouvés, de ruptures, d’évolutions pertinentes et de violence brutale (Apokalipticon est bien bien bourrine comme dirait Nicko !), quelques ponts acoustiques réussis et un vocabulaire mélodique et rythmique qui puise dans le thrash, le death, le black… l’extrême tous azimuts. Pourtant, il manque un ‘tit quelquechose… originalité ? Audace ? Névrose ? Vingdar force de fait le respect en tant que groupe de musiciens mais, néanmoins, ne scotche pas encore au mur à coup d’ambiance épaisse… d’occulte, de noirceur, de malaise… là où le groupe semble à ce stade de carrière fracassant comme aucun avant eux, il lui manque aussi une dimension artistique et atmosphérique, l’un étant sans doute la conséquence de l’autre. Une démo inverse, un négatif… là où la plupart des groupes balance de premiers essais inaudibles et mal joués mais à l’épaisseur malsaine déjà en place, Vingdar répond d’abord par la crédibilité musicale et technique. Un album est prévu pour 2004 qui nous en dira sûrement plus. Attention, donc, car possible grosse pointure à l’horizon… «A blaze with hate» est d’ores et déjà bourré d’arguments incontestables, et mérite que l’on s’y penche.