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Tom Waits › Alice

  • 2002 • Anti 6632-2 • 1 CD

15 titres - 45:04 min

  • 1/ Alice
  • 2/ Everything you can think
  • 3/ Flower’s grave
  • 4/ No one knows i’m gone
  • 5/ Kommienezuspadt
  • 6/ poor edward
  • 7/ table tap joe
  • 8/ Lost in the harbour
  • 9/ We’re all mad here
  • 10/ Watch her disappear
  • 11/ Reeperbahn
  • 12/ I’m still here
  • 13/ Fish and bird
  • 14/ Barcarolle
  • 15/ Fawn

informations

Enregistré et mixé par Oz Fritz int the Pocket Studio, Forestville, Californie. Produit par tom Waits et Kathleen Brennan.

line up

Ara Anderson (trompette bouchée, cor baryton, trompette), Myles Boisen (banjo), Andrew Borger (oil drums, frame drums, percussions), Matt Brubeck (violoncelle, contrebasse), Bent Clausen (cloches à main suisses, piano), Stewart Copeland (trap kit), Dawn Harms (violon, stroh violon), Joe Gore (guitare électrique), Carla Kihlstedt (violon), Eric Perney (basse), Bebe Risenfors (Stroh violon, alto, clarinette, baby bass, marimba, basse clarinette, percussions, fiddle), Gino Robair (batterie, percussions, marimba), Matthew Sperry (basse), Colin Stetson (saxophone, basse clarinette, clarinette), Larry Taylor (basse, guitare électrique, guitare acoustique, percussion), Tom Waits (Voix, piano, mellowtron, pod, pump organ, stomp, violon circulaire, chamberlin, chamberlin vibes, jouet, cymbales), Tim Allen (scraper)

chronique

Le plus doux, le plus calme, nostalgique et rétro… «Alice» est l’album le plus posé de Tom Waits. Enregistré et paru en même temps que «Blood Money», il fut pourtant composé dix ans plus tôt. Le couple Waits/Brennan attendait. «Everything… », «Kommienezuspadt», «We’re all mad here», «Watch her disappear», soit un quart seulement du recueil, sont issus de cette veine dérangée et dérangeante qui singularise Tom Waits. «Everything… », chanson ivre et rageusement désespérée, la voix préhistorique, le rythme lent, lourd, accusateur, les descentes chromatiques en forme de déraison et le petit orchestre qui tente de paraître et de faire bonne figure, beauté du cor anglais, du violoncelle et du violon… défigurée. «kommienezuspadt» aussi barbare que son titre, voix hystérique et que l’on sent chargée d’intentions mauvaises, malsaines… voix nerveuse, névrosée, sur fond de walkin’jazz endiablé, mais dont la manifeste bonne humeur, sax léger et rythme soutenu, finit par se faire véritablement hystériser par le gorille dément qui bave sur le micro… terrifiant ! «We’re all mad here» au titre sans équivoque et qui vous promène par la main dans un asile doux-dingue… pizzicati de guingois, un violon suraigu dans un coin qui ne fait pas attention à vous, une basse clarinette qui passe comme un hippopotame, des vagissements humains bizarres… doux-dingues, mouaiff… à moins qu’il ne soit psychopathe. «Watch her disappear» est une confidence au creux de l’oreille sur fond de pump organ Pierrot la lune… une voix déchirée et gorgée de tabac, de crasse et d’idées noires… tout au creux de l’oreille, et le violoncelle qui fait n’importe quoi. Quatre bizarreries toujours surprenantes malgré les années et les nombreux exemples ; Waits ne lassent pas. Le reste du bel «Alice» est à l’image de la pièce titre qui ouvre l’album : nostalgique, délicat, imprégnée de la voix qui cherche l’émotion crue malgré la délicatesse soyeuse des arrangements de cordes, vents, marimbas et piano classique. Un air d’années vingt, un rythme de promenades tristes, entre Vienne ou Venise, accompagné des harmonies vieux jazz et de violon yiddish. Chaque pièce raconte une peine, légère ou plus profonde, les longs accords, lentement résolus, des vents et des cordes s’étirent sous le piano qui pleure, et Tom Waits s’en va chercher les mots et les notes délicates dans les lieux les plus gris, les plus usés, les plus blessés de sa voix. «Poor Edward» est totalement suspendu à cette voix, ce rythme qui semble refuser de partir par respect pour le pauvre Edouard… et ce quatuor yiddish, triste comme une histoire vraie. Jusqu’à l’éphémère et merveilleux «Fawn», instrumentale de violon larme et piano compréhensif en parfaite clôture de l’album, l’âge, la nostalgie et la plus belle délicatesse constituent la rivière aux reflets d’or crépusculaire qu’est le très bel «Alice». Un de ces disques miracles, qui vous rappellent des souvenirs que vous n’avez jamais eût.

note       Publiée le samedi 24 mai 2003

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Note moyenne        24 votes

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Gros plaisir de retrouvaille, ce Waits là... Calme, oui, globalement lent et bien moins porté que d'autres sur le boucan, les torsions et les cahots, mais certainement pas apaisé, pas vraiment posé, toujours crashé. Le Waits de cette époque (même si curieusement, comme le rappelle la chro, le disque a été enregistré dix ans plus tôt, je trouve très cohérent qu'il soit sorti la même année que Blood Money, et après Mule Variations) renoue avec un côté plus directement blues de bastringue, jazz crapoteux, comme à ses débuts, la période d'avant Swordfishtrombone, mais la matière et la manière travaillées en dedans, en profondeur, par des années d'expressionisme, d'expé, d'essais et directions empruntées, fouillées dans les recoins. Le côté "sans surprise ni folie" apparentes évoqué par d'autres quelques commentaires plus bas est trompeur ; parce qu'après toutes ces années, Waits continue d'administrer aux musiques "théâtralisées", Kurt Weill ou cabaret broadway, cirque de studio New Orleans via (ou vue par, peinte par) L.A., d'appliquer à celles là un rapport qui est justement celui que ces producteurs, ces compositeurs (et j'insiste : Weill particulièrement) pouvaient administrer au blues, ragtime, au vieux jazz, aux musiques de variété. Ça retourne l'angle de la fabrication, ça fait ressortir ce qu'Hollywood a toujours essayé de cacher en l'enluminant, de falsifier plutôt, ce que Mahagonny ou l'Opéra de Quat'sous triturait, exposait sous un jour ambigu, une beauté qui semblait parfois presque lui échapper "malgré". En fait, j'ai toujours l'impression que le Waits vieilli a finalement atteint ce qu'il jouait depuis le début, la mise en scène sonnant de moins en moins mise en scène alors même que le type maîtrisait de plus en plus, de mieux en mieux ses moyens. Comme si ce qu'il avait inventé depuis le début était devenu de plus en plus vrai à force de le... Pratiquer ? Un truc du style. Avec effet rétroactif ? Eh bien... Plus ça va en tout cas plus j'aime toutes les périodes (supposées) du gars, moins le côté "acteur à grosse voix cassée " me gêne (en fait ça fait longtemps qu'il ne me dérange plus du tout, hein). C'est devenu l'un des rares chanteurs/musiciens/artistes à qui je peux pardonner la gapette ou le galurin ridicule et trop petit remonté sur le front, quoi. Et ce disque est beau, très beau, sans que ce soit une façon de dire qu'il n'y aurait rien d'autre à en dire.

thelightcarrier Envoyez un message privé àthelightcarrier
Ouais j'y étais. Et ça les valait en effet. Un report là : http://www.lastfm.fr/user/Nostro/journal/2008/07/29/23bwaq_circus%27s_in_town
born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo
lightcarrier y était ; @pièf : bah en fait je suis toujours de l'école rien du tout, y m'agace toujours autant
Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca
Pourtant ca les valait largement!
Solvant Envoyez un message privé àSolvant
Il est trop cher le Tommy.
Note donnée au disque :