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Tom Waits › Rain dogs

cd • 19 titres • 54:04 min

  • 1Singapore
  • 2Clap Hands
  • 3Cemetery Polka
  • 4Jockey Full of Bourbon
  • 5Tango Till They’re Sore
  • 6Big Black Mariah
  • 7Diamonds and Gold
  • 8Hang Down Your Head
  • 9Time
  • 10Rain Dogs
  • 11Midtown [instrumental]
  • 129th & Hennepin
  • 13Gun Street Girl
  • 14Union Square
  • 15Blind Love
  • 16Walking Spanish
  • 17Downtown Train
  • 18Bride of Rain Dogs [intrusmental]
  • 19Anywhere I Lay My Head

informations

Ingénieur et mixage : Robert Musso. Enregistré aux RCA studios. Produit par Tom Waits.

chronique

Et ben… ça va pas mieux. Dès «Singapore», sa guitare désaccordée, son rythme de flonflon contrebassé en diable, son chant caverneux et sa trompette tristétrange, on comprend que Waits ne se réveillera plus de ce rêve musical délirant dans lequel il a sombré, deux ans plus tôt. Le reste, dix huit autres pièces plus ou moins courtes, plus ou moins lentes, roulantes, inquiétantes, sensibles, hypnotisme vaudou et percussions dérangeantes, goulots de bouteilles dissonants, saxophones, trompettes bouchées, harmonicas, clarinettes qui cancanent et partent solitaires en complaintes poétiques d’ivrognes pathétiques, voix de toute nature, Waits le vieux singe, le jazzman nerveux, l’ivrogne gonflé de rage, le vieux sage noir aux conseils avisés, assis dans la nuit chaude sur un coin de trottoir de la Nouvelle-Orléans. Bien que la pente soit définitivement prise avec «Rain dogs», ne laissant plus aucune place à la normale, il en paraît à l’arrivée peut-être moins délirant, moins grotesque et difforme que son génial prédécesseur, qui brillait notamment par son sens sublime de la confrontation saugrenue entre délicatesse sensible et delirium circus. «Rain dogs» n’est fait que de pièces bariolées et déformées, toutes subissent la folie nerveuse de Waits, ses voix toujours uniques, les échos de percussions inattendues et chaloupées, les dissonances des accords de guitares, le mélange des genres, le piano, les bals populaires, le jazz, la peur, le blues et la rhumba, mais d’abord et avant tout : la violente impulsion de l’étrange, la curieuse sensation de l’inconfort, juste compensée par la qualité et l’inventivité rythmiques du déjà-génie, qui nous assoit dans une transe un peu sorcière, changeante d’un lieu à l’autre, d’une histoire à une autre. Accordéon, confidences tête à tête, typique du cher Tom… «Time». Arrivé «Midtown» on se prend dans la tronche toute la folle activité de l’endroit à coup de cuivres déchirés… avant le très inquiétant "9th & Hennepin", histoire juste racontée sur un fond martien de xylophone et de clarinette nocturne. «Swordfishtrombones» frappait avec génie là où personne n’avait imaginé que l’on pouvait aller. «Rain dogs», alléluia !, transforme l’essai. Ce qui nous fait donc un point de moins que l’essai lui-même… même si ce monde allumé aux origines confuses et rempli de fumée où nous attend Tom waits, n’est pas exactement un royaume fait de règles…

Très bon
      
Publiée le samedi 24 mai 2003

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Note moyenne        28 votes

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Oui je pensais à sa dernière et plus longue période globalement, et puis gamin j'ai découvert Waits acteur chez Coppola en bouffeur de mouches sous camisole attendant son Maître, pas chez Jarmusch, ça a forcément fondé une vision du mec d'entrée aussi... On peut nuancer cirque vs garage avec jazz bar ou antre vaudou (si on pense à Bone Machine par ex) vs camion de routier ou métro, l'idée est sensiblement la même.

Chez Springsteen on a pas cette sensation d'être dans le Grand Oeuvre Artistique de Bête de Foire autant quoi, même s'il peut faire dans la grimace, même s'il est ultrafan de Suicide et Alan Vega, mais dans un chant du quotidien, un truc sur et pour le prolo "moyen", des images d'Épinal de cette vie dure du ricain ouvrier qu'il a lui-même beaucoup exploitée en étant méchant (car je veux croire à son empathie et sa candeur sur ses années Born/Darkness), ce qui lui a été reproché par ses détracteurs (critiques assez similaires chez nous à l'encontre de Lavilliers par ex).

Message édité le 09-02-2025 à 20:27 par Raven

kranakov Envoyez un message privé àkranakov

Chez Tom Waits, ça n’a pas toujours été le cirque. Eh oui, les deux ont pu être suffisamment ressemblants pour qu’en tout cas le Boss reprenne le clodo : ça s’appelle « jersey girl » et il m’est difficile de dire lequel la chante mieux, cette chanson dont le texte paraît sur mesure pour Bruce !

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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@Corona : ah oui, OK, je pensais que tu comparais les deux de façon plus globale/musicale. Après j'avoue connaître plutôt mal Springsteen (et quand-même pas mal mieux Waits) mais l'impression que j'en ai rejoint pas mal ce que dit Alfred - une musique plus classique/carrée, sans l'expressionnisme, le freak, le cirque comme dit Raven (qui est bien là chez Waits, même si, j'insiste, pas partout, et qu'il n'y a pas que ça). La chanson Streets of Philadelphia, j'en ai le souvenir d'un truc assez formaté FM, avec notamment des sons de synthé très très d'époque mais assez réussie dans le genre, oui, avec une espèce de spleen brumeux, une vraie émotion sous le côté prod plastifiée. (Sinon pour Berthold Brecht en musique/théâtre, sa collaboration avec le compositeur Kurt Weill, je dirais... This way ! La chro du collègue Shelleyan est vraiment très juste, je trouve, et cette version/interprétation de l'oeuvre est assez impec. (Et c'est pas du tout sans rapport avec le rapport qu'on trouve entre Weill/Brecht et la musique de Waits... Ou celle des Doors quand il reprennent Alabama Song, tirée d'une autre oeuvre de Weill/Brecht, ou quand les Young Gods font tout un album sur les compositions de Weill avec ou sans ce partenaire...).

coronavirus Envoyez un message privé àcoronavirus

Réel

Note donnée au disque :       
Raven Envoyez un message privé àRaven
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Oui quand Bruce bourrine vocalement sur Born to Run/Darkness on the Edge of Town (et il s'en prive pas) c'est une sorte de cousin plus casual-prolo de Tom Waits, en t-shirt-denim avec une clé à molette. Tu remplaces le cirque par un garage quoi.