Kari Rueslatten › Pilot

Kari Rueslåtten a fait bien du chemin depuis qu'elle a laissé Ann-Mari Edvardsen prendre sa place au sein du groupe gothique prog Third and The Mortal. "Pilot" n'est pourtant pas son premier coup d'essai, mais c'est sans doute avec celui-ci qu'elle semble désormais la mieux armée pour affronter la scène internationale. Il n'y a en effet aucune raison de bouder cette artiste alors que l'on s'empresse de dérouler le tapis rouge pour Björk, voire Beth Gibbons (Portishead). Evidemment, le trip hop, en se nourissant des gimmicks pop, a rendu la limite entre les deux genres très floue, faisant en sorte que les plans voix féminines + instrumentation minimale en devienne l'écueil inévitable. Ne comptez pas sur "Pilot" pour donner un second souffle au genre. Par contre, si cette formule n'a pas encore eu raison de vous, alors il y a de très fortes chances pour que ce disque plaise à coup sûr à tout ceux sensibles au voix féminines un peu plaintives et délicates mêlées à des arrangements électroniques minimalistes bien dans l'air du temps. Avec une touche acoustique par le biais d'une guitare ou d'un piano, des titres qui mettent en lumière sa voix par un timide exercice a capella ("Smile in Your Sleep"), des ambiances aussi bien lourdes et mécaniques qu'emplies de désespoir ("Exile"), on y retrouverait presque la mélancolie perdue qui cimentait le premier essai de Third and The Mortal, "Tears Laid in Earth", à l'ambiance résolument noctambule, tout en downtempo, comme le démontre "Butterfly" qui referme la marche sur un dialogue mystérieux entre voix et flûte. En Kari, on retrouvera aussi un peu de The Gathering dernière période, Stina Nordenstam, Kate Bush, Tori Amos, enfin ; toutes ces créatures à qui on donnerait le bon Dieu sans confessions.