Christian Death › Jesus points the bone at you ?

Ce titre un brin ridicule dissimule en fait une compilation des singles produits par le Christian death de Valor entre 1986 et 1990. Le simple terme de compilation déclenche souvent un réflexe de méfiance (trop souvent justifié) face à un objet que l’on soupçonne soudain n’être que le fruit d’un manque d’inspiration ou d’un besoin de rentrées financières. Est-ce le cas ici ? Qu’importe ! Quelles que puissent être les motivations de cette production, elles se justifient pleinement de par la présence de deux faces B indispensables, ‘After the rain’ et l’excellent ‘Loving face’, composées entre 1986 et 87 et introuvables en cd. Le premier titre est typique de l’époque ‘Wind kissed pictures’ et ‘Atrocities’, glauque, gothique à souhait avec ses guitares lourdes et grinçantes. Le second témoigne de l’évolution légèrement plus rock de l’album ‘Scriptures’, avec des arrangements néanmoins riches et travaillés. Quant au reste, le très bon ‘Church of no return’ louche vers une production plus directe, moins raffinée mais sa mélodie efficace en fait un titre incontournable. Ce n’est pas le cas de ‘What’s the verdict’, plus rapide et plus agressif mais moins bon mélodiquement. Heureusement, ‘This is heresy’ et son riff de basse pesant et ‘Zero sex’ rassurent : malgré une approche moins subtile tant de la musique que des textes, Valor n’a pas perdu son talent. Sentiment confirmé par le dynamique ‘Nascent virion’ et le délicat ‘We fall like love’ où Valor semble renouer avec une certaine douceur mélancolique. ‘I hate you’, chanson très heavy rock ponctuée des beuglements de son fils, me paraît plus dispensable (à l’image du cd ‘All the hate’ tiré du double album concept , ‘All the love, all the hate’). ‘Jesus points the bone at you ?’ a donc le mérite de dresser un portrait relativement fidèle d’une évolution assez marquée dans les sonorités du groupe, c’est pourquoi le disque garde un intérêt tant pour les fans que les néophytes. Il résume également une époque, celle où Valor était seul maître à bord, ayant démembré progressivement ce qui restait du Christian death de ‘Catastrophe ballet’ (à savoir Gitane Demone et David Glass) ; or une année plus tard, un certain Rozz Williams était de retour sur le devant de la scène avec un nouvel album de Christian death, débutant ainsi une lutte fratricide dont les séquelles sont encore présentes chez certains fans…