Bellini › Snowing sun

A en croire la page de garde de leur site, le mariage entre la pieuvre humaine, Damon Che (Don Caballero), et les anciens membres des formidables Uzeda s'est soldé par un divorce aussi expéditif qu'incompréhensible. "Snowing Sun", qui est au demeurant un excellent disque de rock alternatif indépendant, ne délivre pourtant pas toutes ses promesses. La rencontre explosive entre les deux parties aurait pu ou aurait dû (est-ce là le noeud du problème ?) nous donner quelque chose de bien plus déterminant que ce qui nous est livré ici. D'autant que c'est le son de Uzeda qui prédomine. Il y a bien sûr l'aspect le plus évident, celui qui titille les oreilles : le chant de Giovanna Cacciola et le jeu de guitare torturé d'Agostino Tilotta, mais il y a aussi la construction particulière des morceaux, la manière de les concevoir, de les écrire et de les interpréter. Il semble pourtant que, de part et d'autre, un réel effort a été fait pour s'écarter de leurs marques de fabriques respectives et néanmoins communes ; Bellini a - bien plus qu'Uzeda ou Don Caballero, ces laboratoires du rythme - une vraie allure de groupe, dans le sens où chacun des intervenants reste ici bien en place et ne s'aventure que très rarement en dehors des sentiers battus. En ce sens, nous sommes plus que jamais proche de l'esprit de God is My Co-Pilot ("A Short Tale/Medusa") ou, dans une moindre mesure, Sonic Youth ("Furious"), avec l'intention de composer de vraies chansons avec des atmosphères parfois bien différentes de ce à quoi ils nous avaient habitués (l'accordéon du méditatif "On The Road to Roscoe Lee"). Ce retour à une forme de rock moins exponentiel dans ses débordements, mais pas dénué pour autant de son fort taux d'adrénaline, se verra recevoir un bon accueil auprès des quelques nostalgiques de l'âge d'or de l'emocore (les Slint en tête), ceux que leurs digressions intempestives insupportaient plus qu'elles ne fascinaient.