Guyana Punch Line › Irritainment

Me voir chroniquer le second album studio des extrêmistes de Guyana Punch Line, c'est comme si vous surpreniez quelqu'un d'autre que Chris pour vous parler de Neurosis ou Pokemonslaughter en train de nous narrer la petrifiante beauté des chants de l'extase de Hildergarde Von Bingen. Oui, ce genre de... "musique", ce n'est habituellement pas ma tasse de thé. C'est un secret pour personne. J'aime les extrêmes, mais par à-coups, et quand c'est pondéré dans un ensemble qui se sert de ce métal sans compromission pour donner une identité unique à l'ensemble. Là, pour la peine, je m'en prends une grosse louche en travers de la gueule. Et j'en ressors secoué, un peu assomé il est vrai, mais content et presque prêt à demander un deuxième service. Alors puisque le destin a mis ce disque sur ma route, autant l'affronter. Le moins que je puisse dire c'est que, même si je n'ai pas été pleinement conquis, ce "Irritainment" adopte une attitude qui me semble, avec le peu de connaissances que j'ai dans le domaine, assez originale. La trame de l'histoire, c'est vingt-et-un titres, un peu plus d'une demi-heure, d'assaut intempestif et extatique d'un punk rock surhumain, qui ne peut-être que dopé aux anabolisants (je reste sans voix face à l'exercice vocal soutenu du chanteur), faisant passer System of a Down pour des lopettes. Ni plus, ni moins. Inventif et audacieux, Guyana Punch Line saupoudre sa charge léthale de brefs mais déterminants moments d'une lucidité exemplaire, versant à la fois dans le parodique ("Skinz and Punx") ou dans le référentiel ("Are You Brian Emo ?"). Avec une furie qui nous ramène aux grandes heures des Boredoms, en peut-être encore plus sauvages, "Irritainment" réussit la gageure de reconcilier métal, punk, grind, emocore et même ma petite personne avec le genre. Fallait le faire, non ?